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Sentences
23 novembre 2005

Charles de Foucauld - Bref Itinéraire spirituel

Frère Charles de Jésus 1858 - 1916

L'expérience de la tendresse de Dieu

Charles de Foucauld naît à Strasbourg en 1858 et garde un souvenir ému de la tendresse de sa mère qui entoura sa petite enfance. Mais elle meurt en mars 1864 et Charles perd aussi son père quelques mois plus tard. A six ans c'est un enfant blessé.

Au cours d'une adolescence difficile il perd la foi et peut-être pour lutter contre un certain ennui de vivre, il s'enfonce dans une vie de jouissance et de désordre.
Cependant au fond de son cœur demeure une tristesse, un vide que rien ne peut combler.
Plus tard à la lumière de sa foi retrouvée, il comprendra que ce vide, cette tristesse manifestaient l'attente infiniment discrète de Dieu qui ne s'était pas détourné de lui.
Officier à 22 ans, il est envoyé en Algérie et découvre avec émerveillement de nouveaux horizons. Trois ans plus tard il quitte l'armée et entreprend une exploration risquée du Maroc. Au cours de ce voyage il est accueilli et protégé, à plusieurs reprises, par des musulmans trè_ religieux qui deviennent des amis. Le témoignage de leur foi l'interpelle et une question surgit en lui: Dieu existerait-il?

De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, notamment sa cousine Marie de Bondy, il se met en recherche.

Providentiellement il rencontre un prêtre qui sera pour lui un père et un ami : l'abbé Huvelin. En octobre 1886, à vingt huit ans il se convertit.
Il découvre alors Dieu comme un père infiniment proche et plein de tendresse qui n'a jamais cessé d'attendre son enfant. Son existence en est complètement transformée et désornais, il cherche comment répondre par toute sa ;vie à cet amour infini de Dieu.

La découverte de Jésus de Nazareth

Un pèlerinage en Terre Sainte lui révèle le visage de Jésus de Nazareth, le Fils de .pieu venu en notre chair, qui a partagé
pendant trente ans l'existence: obscure d'un artisan de village.

Cette pauvreté et cette humilité résonnent en lui comme un
appel. Il écrit:
"J'ai bien soif de mener enfin la vie ... que j'ai entrevue, devinée en marchant dans les rues de Nazareth que foulèrent les
pieds de Notre Seigneur, pauvre artisan perdu dans l'abjection et l'obscurité ".
Le chemin est tracé mais !il sera long et mouvementé. Frère
Charles passe d'abord sept ans à la Trappe, puis quatre ans à Nazareth, où il vit en en ermite à la porte d'un couvent de Clarisses.
Au cours de ces années marquées par la prière et le silence Dieu lui parle au cœur. Pendant des heures, de jour et de nuit, il demeure en adoration devant le Saint Sacrement, il est là comme un amoureux qui ne se lasse pas d'attendre le Bien Aimé, même si les moments d'obscurité et de lutte ne lui sont pas épargnés.
Il passe aussi de longs moments à méditer l'Evangile, à se laisser imprégner par les paroles et. les exemples de Jésus, désirant que ces paroles finissent par changer son cœur, comme une goutte d'eau tombant toujours à la même place arrive à creuser la pierre la plus dure.
Et bientôt cette parole de Dieu va l'interpeller et le remettre en route.

Présente fraternelle au coeur du désert

Une phrase de l'Evangile bouleverse sa vie: "Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens c'est à moi que vous l'avez fait".
Elle le pousse à quitter cette! solitude qu'il aime pour aller vers des terres plus abandonnées 0\1 Jésus l'attend en tous ceux et celles dont la vie est marquée par la souffrance et la pauvreté. Il veut aussi porter à ceux qui ne le connaissent pas cet amour de Dieu qui brûle en lui comme un feu.
Frère Charles a redécouvert ce que disait déjà aux premiers siècles du christianisme St Jean Çhrysostome: qu'il fanait être aussi attentif à la présence de Jésus dans le pauvre qu'à sa présence dans l'Eucharistie. '
Cette prédilection de Dieu pour les pauvres, les pécheurs,
les derniers, l'entraîne hors de son ermitage pour mener une vie
toujours amoureusement donnée raison Seigneur, mais de plus en plus marquée par l'accueil, la disponibilité, le partage fraternel avec les plus démunis.

Alors en août 1900, il quitte définitivement Nazareth, passe plusieurs mois à l'abbaye de Notre Dame des Neiges pour se préparer à devenir prêtre. Ordonné le 9 jain 1901 par l'évêque de Viviers, il part quelques mois plus tard pour l'Algérie et s'établit dans l'oasis saharienne de Beni-Abbès, proche de la frontière duMaroc. Il ne construit pas un ermitage mais une « fraternité » c'est-à-dire une maison dont la porte est ouverte à tous ceux qui viennent quelle que soit leur nationalité, leur race ou leur
religion. Il écrit: !

"Je veux; habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans,
juifs, idolâtres... à me regarder comme leur frère, le frère universel. Ils commencent à appeler la maison la fraternité" et cela m'est doux".

Le patient travail de l’amitié

Frère Charles est à Beni-Abbès depuis trois ans
lorsqu'il entend parler d’un Peuple pauvre et difficile d'accès: les Touaregs. En 1904 des amis officiers lui offrent une possibilité de voyage pour prendre contact avec eux, alors, encore une fois il se met en route.
Il marche pendant plus de trois mois sur les rudes pistes du désert pour atteindre les montagnes sauvages du Hoggar où nomadisent de petits groupes de Touaregs. Dès l'arrivée il se sent poussé à s'établir au milieu d'eux. Mais la méfiance est grande dans ces tribus à l'égard des occupants que sont les Français et ce n'est qu'au bout d'un an que Moussa Ag Amastane, leur chef, permit à frère Charles de s'établir à Tamanrasset. Seul, sans défense, celui-ci s'en. remet à la parole de ses hôtes et s'installe dans une pauvre maison de terre bâtie en quelques jours.!
Dès les premiers contacts, il s'est mis avec passion à l'étude de leur langue. Il se met aussi à l'écoute de leur culture, transcrivant des centaines de poèmes, chantés le soir autour du feu et à travers lesquels les générations se transmettent l'histoire et l'âme de leur peuple.
Frère Charles porte dans son cœur un immense désir: celui de leur parler de Jésus et de l'Evangile, mais il réalise très vite que les temps ne sont pas mûrs pour pareille annonce. Alors c'est simplement par le patient travail de l'amitié, par la bonté qu'il cherche à leur dire qui est son Dieu. Il écrit en 1909 :

"Je voudrais être assez bon pour qu'on dise: "Si tel est le serviteur, comment donc est le maître?"

Configuré à Jésus jusque dans sa mort

En 1914 éclate la première guerre mondiale et la violence gagne les solitudes du Hoggar. Un peu partout des. tribus entrent en rébellion contre l'occupation française et l'insécurité grandit. .
Frère Charles sait qu'il se trouve dans un environnement de plus en plus dangereux. On lui propose de partir dans un poste militaire français pour se mettre à l'abri mais il refuse d'abandonner ceux qui l'ont accueilli il y a plus de dix ans. Au fil des ans l'amitié et la confiance se sont approfondies et il se sent lié au peuple touareg par de profondes solidarités humaines.
Pendant toute sa vie il avait cherché à suivre et à imiter ce Jésus de Nazareth qui avait un jour ravi son cœur et il désire le suivre jusque dans sa Passion et dans sa mort pour donner lui aussi la preuve du plus grand amour.
Au soir du 1er décembre 1916, il est pris en otage par un groupe de rebelles qui n'avaient pas, semble-t-il, l'intention de le tuer. Mais, dans un moment de panique, celui qui le garde tire sur lui à bout portant et frère Charles tombe, victime de la violence comme tant d'autres au cours de ces années de guerre.
Mort solitaire comme celle du grâin de blé, mais signe d'espérance que la fraternité humaine est plus forte que toutes les haines qui déchirent les peuples. Moussa Ag Amastane, le chef touareg qui était devenu son ami et qui était un musulman fervent, écrivait à la sœur de frère Charles une quinzaine de jours après la mort de celui-ci :
"Charles, le marabout. n'est pas mort que pour vous autres seuls, il est mort aussi pour nous tous. Que Dieu lui donne la miséricorde et que nous nous retrouvions avec lui au Paradis. "


Quelques Citations
qui marquent les étapes de son itinéraire

Dans le doute complet pendant 12 ans

"Dès l'âge de quinze ou seize ans, toute foi avait disparu en moi, les lectures dont j'avais été avide avaient fait cette œuvre, je ne me rangeais à aucune doctrine philosophique, n'en trouvant aucune assez solidement fondée. Je restais dans le doute complet, éloigné surtout de la foi catholique dont plusieurs dogmes à mon sens, choquaient profondément la raison."
(Lettre à Henri Duveyrier, 21.2 .i892)

L'expérience de la tendresse de Dieu
"Comme il est bon le père de l'enfant prodigue 1 Mais comme vous êtes mille fois plus tendre que lui 1 Comme vous avez fait mille foi/plus pour moi qu'i! n'a fait pour son fils! Que vous êtes bon mon Seigneur et mon Dieu 1"...
(L'imitation du Bien Aimé - Nouvelle Cité, p.79)

La découverte de Jésus de Nazareth

"L'incarnation a sa source dans la bonté de Dieu, mais une chose apparaît d'abord si merveilleuse qu'elle brille comme un signe éblouissant: c'est l'humilité infinie que contient un tel mystère - Dieu, l'être infini, le Tout puissant... se faisant homme et le dernier des hommes".

(La dernière place - Nouvelle Cité,. p.50, 53)
« L’imitation est inséparable de l'amour, tu le sais, quiconque aime veut imiter, c'est le secret de ma vie. J'ai perdu mon cœur pour ce Jésus de Nazareth, crucifié il y a 1900 ans et je passe ma vie à chercher à l'imiter autant que le peut ma faiblesse."
(Lettre à G. Tourdes, mars 1902)

Présence fraternelle au cœur du désert

"Il n’y a pas, je crois, de parole d'Evangile qui ait fait sur moi une plus profonde impression et transformé davantage ma vie que celle-ci :
"Tout ce que vous faites à un de ces petits c'est à moi que vous le faites".
Si on songe que ces paroles sont celles de la Vérité incréée, celles de la bouche qui a dit:
"Ceci est mon corps... Ceci est mon sang..." avec quelle force on est porté à chercher et à aimer Jésus dans ces petits".

(Lettre à Louis Massignon, ler août 1916)

"La confiance dont m'entourent les Touaregs du voisinage va croissant, les amis anciens deviennent plus intimes: de nouvelles amitiés se forment. Je rends service en ce que je peux,
je tâche de montrer que j'aime, lorsque l'occasion semble favorable, je parle de religion naturelle, des commandements de Dieu, de son amour, de l'union à sa volonté, de l'amour du prochain".
(Lettre au P. Voillard. J2juille! 1912)

Configuré à Jésus jusque dans sa mort


"Mon Seigneur Jésus qui avez dit :
"Personne n'a un plus grand amour
que celui qui donne sa vie pour ses amis... ",
je désire de tout mon cœur donner ma vie pour vous, je vous le demande instamment. Toutefois non ma volonté mais la vôtre. Je vous offre ma vie, faites de moi ce qui vous plaira le plus. Mon Dieu pardonnez à mes ennemis, donnez-leur le salut... ".
(Voyageur dans la nuit - Nouvelle Cité, p.35)

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