Heureux les coeurs purs
Evangile de
Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,1-12.
Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples
s'approchèrent.
Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
« Heureux les pauvres de coeur :le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent :ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux :ils obtiendront miséricorde !
Heureux les coeurs purs :ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix :ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :le Royaume des cieux est à
eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit
faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande
dans les cieux ! C'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont
précédés.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire de ce texte:
« Heureux les pauvres de coeur puisque le Royaume des cieux est à eux ».
Le début du Nouveau Testament est tout à fait joyeux et plein de la grâce
nouvelle ; il provoque même un peu l'incroyant ou le paresseux à écouter, et
plus encore à agir, en promettant le bonheur aux malheureux et le Royaume des
cieux aux exilés, à ceux qui sont dans la détresse. Le début de la Loi
nouvelle est agréable à entendre et commence sous d'heureux auspices, puisque,
dès ce début, le législateur donne tant de bonnes paroles de béatitude. Ainsi
ceux qu'elles ont attirés marcheront de vertu en vertu, en montant ces huit
marches que l'Évangile a construites et mises en place dans notre coeur... Car
il s'agit, c'est clair, de la montée des coeurs et du progrès des mérites par
huit degrés de vertu, qui conduisent graduellement l'homme du plus bas aux
plus hauts niveaux de la perfection évangélique. De la sorte il entrera enfin
pour voir le Dieu des dieux dans Sion (Ps 83,8), dans son Temple, dont le
prophète a dit : « On y accédait par huit marches » (Ez 40,37).
La première vertu des débutants est le renoncement au monde, par lequel
nous devenons pauvres de coeur ; la deuxième est la douceur, par laquelle nous
nous soumettons à l'obéissance et nous y habituons ; puis la douleur avec
laquelle nous déplorons nos péchés ou, dans les pleurs, demandons les vertus.
Nous les goûtons, bien sûr, là où nous avions le plus faim et soif de justice,
tant pour nous que pour les autres, et nous commençons à être animés de zèle
contre les pécheurs. Mais pour qu'une ardeur immodérée ne se change pas en
faute, la miséricorde la suit, par laquelle elle est tempérée. En s'appliquant
et en s'exerçant, quand on aura appris à être juste et miséricordieux, on sera
peut-être capable d'entrer dans la contemplation et de s'adonner à purifier
son coeur afin de voir Dieu.
Bienheureux Guerric d'Igny (vers 1080-1157), abbé cistercien
Sermon pour la Toussaint; PL 85, 205 (trad. Année en fêtes, Migne 2000, p. 526
rev.)