30 janvier 2008
Cultiver mon domaine, sans laisser en friche celui de Dieu
Evangile de
Jésus-Christ selon saint Marc 4,1-20.
Jésus s'est mis une fois de plus à enseigner au bord du lac, et une foule très
nombreuse se rassemble auprès de lui, si bien qu'il monte dans une barque où
il s'assoit. Il était sur le lac et toute la foule était au bord du lac, sur
le rivage.
Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et il leur disait, dans
son enseignement :
« Écoutez ! Voici que le semeur est sorti pour semer.
Comme il semait, il est arrivé que du grain est tombé au bord du chemin, et
les oiseaux sont venus et ils ont tout mangé.
Du grain est tombé aussi sur du sol pierreux, où il n'avait pas beaucoup de
terre ; il a levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde ;
et lorsque le soleil s'est levé, ce grain a brûlé et, faute de racines, il a
séché.
Du grain est tombé aussi dans les ronces, les ronces ont poussé, l'ont
étouffé, et il n'a pas donné de fruit.
Mais d'autres grains sont tombés sur la bonne terre ; ils ont donné du fruit
en poussant et en se développant, et ils ont produit trente, soixante, cent
pour un. »
Et Jésus disait : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ! »
Quand il resta seul, ses compagnons, ainsi que les Douze, l'interrogeaient sur
les paraboles.
Il leur disait : « C'est à vous qu'est donné le mystère du royaume de Dieu ;
mais à ceux qui sont dehors, tout se présente sous l'énigme des paraboles,
afin que se réalise la prophétie :Ils pourront bien regarder de tous leurs
yeux, mais ils ne verront pas ; ils pourront bien écouter de toutes leurs
oreilles, mais ils ne comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et
recevraient le pardon. »
Il leur dit encore : « Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment
comprendrez-vous toutes les paraboles ?
Le semeur sème la Parole.
Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, quand ils l'entendent,
Satan survient aussitôt et enlève la Parole semée en eux.
Et de même, ceux qui ont reçu la semence dans les endroits pierreux : ceux-là,
quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ;
mais ils n'ont pas en eux de racine, ce sont les hommes d'un moment ; quand
vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils tombent
aussitôt.
Et il y en a d'autres qui ont reçu la semence dans les ronces : ceux-ci
entendent la Parole,
mais les soucis du monde, les séductions de la richesse et tous les autres
désirs les envahissent et étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit.
Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent
la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent
pour un. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Commentaire par
Saint Césaire d'Arles (470-543), moine et évêque
Sermons au peuple, n° 6 ; CCL 103, 32 (trad. SC 175, p. 327 et Orval)
Frères, il y a deux sortes de champs : l'un est le champ de Dieu,
l'autre celui de l'homme. Tu as ton domaine ; Dieu aussi a le sien. Ton
domaine, c'est ta terre ; le domaine de Dieu, c'est ton âme. Est-il juste que
tu cultives ton domaine et que tu laisses en friche celui de Dieu ? Si tu
cultives ta terre et que tu ne cultives pas ton âme, c'est parce que tu veux
mettre ta propriété en ordre et laisser en friche celle de Dieu ? Est-ce juste
? Est-ce que Dieu mérite que nous négligions notre âme qu'il aime tant ? Tu te
réjouis en voyant ton domaine bien cultivé ; pourquoi ne pleures-tu pas en
voyant ton âme en friche ? Les champs de notre domaine nous feront vivre
quelques jours en ce monde ; le soin de notre âme nous fera vivre sans fin
dans le ciel...
Dieu a daigné nous confier notre âme comme son
domaine ; mettons-nous donc à l'oeuvre de toutes nos forces avec son aide,
pour qu'au moment où il viendra visiter son domaine, il le trouve bien cultivé
et parfaitement en ordre. Qu'il y trouve une moisson et non des ronces ; qu'il
y trouve du vin et non du vinaigre ; du blé plutôt que de l'ivraie. S'il y
trouve tout ce qui peut plaire à ses yeux, il nous donnera en échange les
récompenses éternelles, mais les ronces seront vouées au feu.