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Sentences
15 janvier 2007

Vietnam, le pays Frère

Du dimanche 26 novembre au mercredi 6 décembre Mgr Ricard était en voyage au Vietnam à l'invitation de la Conférence épiscopale vietnamienne. C'est pour nous aussi une occasion de découvrir ce pays très lié à la France par un long passé commun.

Quels étaient les objectifs de ce voyage?
Nous répondions tout simplement à l'invitation de la Conférence des évêques du Vietnam. Les relations entre l'Eglise au Vietnam et l'Eglise en France sont très étroites.
Le cardinal Ricard était heureux de découvrir l'Eglise vietnamienne et de se rendre compte par lui-même du contexte dans lequel elle se trouve. Sur le plan politique, le pays étant encore communiste, les relations entre l'Eglise et l'Etat sont loin d'être faciles même si l'on note, ici et là, des améliorations.

Quelles étapes ont marqué votre périple?
Arrivés à Hanoi, où nous avons été accueillis très chaleureusement, nous nous sommes rendus ensuite vers le Sud par étapes: Haiphong, Thanh Hoa, Da Nang, Qui Nhon... litinéraire avait été élaboré par nos hôtes en fonction de deux idées: nous faire découvrir les trois provinces ecclésiastiques du Vietnam (Province de Hanoi, de Hué et de Ho Chi Minh-Ville) d'une part, et nous emmener sur les lieux de mémoire de l'histoire du catholicisme au Vietnam. Nous avons ainsi rencontré beaucoup d'évêques, francophones généralement, ainsi que des prêtres, des séminaristes et des religieux.

Quels sont ces lieux de mémoire que vous évoquiez ?
Nous avons par exemple vu, dans le diocèse de Than Hoa, près de la ville du même nom, la petite église qui fut construite à l'endroit où le jésuite Alexandre de Rhodes débarqua le 19 mars 1627. Ce père, l'un des premiers missionnaires au Vietnam, est une figure importante pour les catholiques vietnamiens. Nous avons concélébré la messe à cet endroit, devant des milliers de personnes.
Nous avons également vu les tombes des premiers évêques près de la ville de Hoi An. Chaque fois que cela était possible, nous nous sommes rendus sur les tombes des Pères des Missions étrangères de Paris. Nous avons égaIement rencontré, à maintes reprises, des religieuses des Sœurs Amantes de la Croix, congrégation fondée par le père Lambert de La Motte, co-fondateur des Missions étrangères de Paris, arrivé au Vietnam en 1670. Cette congrégation, comme d'autres implantées au Vietnam par des Français, est aujourd'hui très répandue dans le pays.

Quelle est la mission de ces congrégations?
Elles assument des missions très diverses et importantes:
elles tiennent notamment des orphelinats, s'occupent des lépreux... Un projet est en cours pour qu'elles puissent également s'occuper des malades atteints du Sida.
On trouve également au Vietnam des ordres religieux contemplatifs: il y a notamment des bénédictines, dont l'origine est l'implantation de la Communauté de Vanves en 1954. On trouve aussi une bonne dizaine de monastères cisterciens installés au Vietnam, dont celui de My Ca, fondé par l'Abbaye de Lérins en 1934.

Que retenez-vous, avant tout, de cette visite à vos confrères évêques du Vietnam?
Ayant été plusieurs fois au Vietnam, je connaissais déjà le dynamisme remarquable de cette Eglise et le contexte difficile dans lequel elle s'inscrit. Je savais aussi combien leur besoin en formation est grand: l'Eglise vietnamienne a besoin de notre aide, en particulier pour accompagner spirituellement et former ses séminaristes:
ils sont plus de mille aujourd'hui, pour environ 2 800 prêtres et près de 6 millions de catholiques (sur une population de 81 millions d'habitants) pratiquants à plus de 97%. Ce voyage nous a permis de découvrir - redécouvrir pour moi - cette Eglise si différente de la nôtre. Il était aussi signe de fidélité et de soutien à cette Eglise vietnamienne.

Le Vietnam est un pays de la côte Est de l'Asie du Sudest, essentiellement agricole, grand comme plus de la moitié de la France, avec une population de 81 millions d'habitants. Une guerre civile sanglante a duré vingt ans pour aboutir à la réunion des deux Vietnam, nord et sud, sous la main ferme des communiste, en 1975.

Une Eglise persécutée

Le Vietnam est structuré par la pratique des philosophies et des religions populaires comme le Confucianisme, le Taoïsme, le Caodaïsme, le Bouddhisme, principale religion au Vietnam avec plus de 50 % de la population, le Christia nisme -le catholicisme est, avec 11 %, la seconde religion... Dès 1550 et en plusieurs lieux, sur plus d'un siècle, Dominicains, Jésuites et missionnaires français des Missions Etrangères de Paris ont débarqué au Vietnam.
LEglise vietnamienne a été continuellement persécutée jusque tard dans le XIXe siècle: en juin 1988, le pape Jean PaulI! a canonisé 117 martyrs. Le premier évêque vietnamien est ordonné en 1933 et la hiérarchie de l'Eglise établie en 1960 avec 3 archidiocèses et 17 diocèses. Après 1950, LEglise se voit bridée, les prêtres et religieux poussés à retourner à la vie séculière, voire emprisonnés sans aucun jugement, de très nombreux catholiques fuient vers le Sud ou émigrent. Le Sud subit à son tour ce régime en 1975.

VietNam, le pays Frère

Le Vietnam, pays des plus pauvres, voit 25 % de sa population vivre au dessous du niveau de pauvreté et 20 % être au chômage. Les difficultés économiques produisent leurs lots de corruption, de criminalité, de trafic de drogue et de prostitution. La constitution prévoit la liberté de parole et de la presse, qui demeure toutefois limitée en politique et religion. De nombreuses actions sont régies par un permis: ouverture de séminaire, rassemblements, célébrations en dehors du calendrier religieux habituel, construction ou restauration de lieux de culte, ordination ou nominations du clergé. LEglise du Vietnam ne souffre pas seulement du manque de liberté religieuse, mais, notamment dépossédée de ses biens, elle est dans la misère. Elle compte sur le reste du monde pour se développer et reconstruire ses églises. PB (Source. httpo//biblio.domuni.org/ et MEP)

La communauté vietnamienne en Gironde:

Fondée avec l'arrivée des réfugiés vietnamiens après 1975, année de la chute de Saigon, par le père Simon Pham Van Nam avec l'aide de Sœur Marie-Reine Nguyet de l'Assomption, la communauté se rassemble à l'église Saint Martial de Bordeaux. A l'époque nous comptions une centaine de familles à la messe. Le père Simon Nam nous a beaucoup portés pour les premiers pas en France (travail, études, sauvegarde de notre culture et de notre langue, etc.).
Au décès accidentel du père Simon Nam en 1991, le père Joseph Tran Dinh est nommé aumônier. Ce dernier désire que les fidèles vietnamiens se retrouvent à Saint Louis de Montferrand là où il loge, mais à cause de l'éloignement, il revient par la suite, à Saint Martial. Nous notons, au fil des années, des départs massifs des membres de la communauté vers Paris ou vers l'Amérique, en particulier les jeunes adultes. Aujourd'hui, nous comptons une trentaine de familles qui se rassemblent tous les premiers dimanches du mois pour une messe en vietnamien à Saint Martial (15 h 30).
Depuis novembre 2005, l'évêque m'a nommé aumônier de la communauté, suite au décès du père Joseph Dinh. La communauté essaie de promouvoir une intégration juste des fidèles dans la société française sans oublier les racines culturelles et traditionnelles de notre peuple. Une classe pour apprendre la langue est ouverte aux jeunes et aux enfants, les fêtes importantes sont célébrées selon nos coutumes: le Nouvel An vietnamien, anniversaire de la Canonisation des Martyrs Vietnamiens, etc.
Nous participons aussi activement à la Pastorale des Migrants et nous serons présents à la prochaine Fête des Peuples.

p. Phuc Pham

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