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Sentences
31 août 2006

Une petite histoire de canards, toute simple

Dans la basse cour d'une ferme de haute montagne, il y avaient deux canards,

l'un avait proposé à l'autre de l'aider à trouver son chant, l'autre avait saisi que l'un pourrait le conduire à travers champs vers un champ de manoeuvre ou il aurait la chan - ce d'avoir un champ d'actions élargies et le champ libre pour prendre la clé des champs et pousser enfin son plain-chant. Aucun des deux ne connaissait l'orthographe qui eut permis de se diviser sur le sens des mots mais, aucune importance, il suffisait qu'ils soient d'accord sur le fait de faire route ensemble même si les objectifs étaient différents...

L'un chantait doucement à sotto vocce, bien qu'il soit loin d'être sot, l'autre gravement, sans accorder gravité à l'affaire, ou plutôt, SI! si l'on estime que la gravité terrestre, la force d'attraction pousse naturellement masses et corps les uns vers les autres et les retient collés à la glèbe, les empêchant de tomber vers le ciel, où chacun sait que l'on peut ou veut marcher dans les nuages...cela était sans conséquences, surtout pour celui des deux qui était le plus mal entendant.

L'un était noir et l'autre blanc. Le plus noir ou le plus blanc des deux n'était pas franchement celui que l'on pense. Mais ils laissaient juste les autres penser à ce sujet. Ils n'avaient d'ailleurs jamais appris le nom de couleurs ou celui des non-couleurs, il ne savaient point qu'il y eut blanc plus que noir, tout occupés à se régaler d'arcs-en-ciel et de diffraction prismatique de la lumière à travers les brumes matinales ou vespérales du lieu de leur séjour.

Ils se voyaient et s'acceptaient dissemblables, heureux de cette occurrence et de cette diversité synchronique et aléatoire.

Ce n'étaient d'ailleurs pas deux canards, mais un cygne et une colombe, chose que seuls les pauvres en Esprit savent discerner.

Eux avaient l'insouciance et l'impudence de ceux qui ne s'observent pas pour exister, de ceux qui vont leur chemin sans s'occuper du Caen dira-t-on et des princes à l'affût au bord des lacs, visant le noir, tuant le blanc, au crépuscule, entre chien et loup, lorsque le noir épouse le rouge et que

de toute manière, seul celui qui avait deux yeux plutôt qu'un ou six, aurait pu avoir des chances de supposer que le charisme éblouissant de l'un répondait à la profondeur insondable de l'autre et réciproquement, mais tous deux regardaient ailleurs d’ailleurs

ce qui est préférable lorsqu'on aime l'école qui permettent de franchir à pied facilement ce que d'autres aiment à franchir en vol pour prendre leur envol au-dessus des monts et merveilles

L'un s'appelait Charles comme d'Orléans, ou de Foucauld, ou Baudelaire, l'autre François comme Mitterrand, ou Samson

(dur, sans son?  pour celui qui veut trouver son chant ? ou alors un champ de bataille pour la paille et le grain...ou son chant du départisant)

l'un s'appelait Jacques et l'autre Brel, c'est-à-dire "âne" dans un idiome local, mais leur amour flirtait avec l'universel et le sidéral

l'un était fataliste et l'autre doux, aucun des deux n'était impressionné par le prestige (surtout pas celui de l'uniforme) en ces lieux où  poussent les immortelles, où seuls les oiseaux se risquent plus haut que les éminences, et où le ^ de la cime tombe facilement dans l'abîme...

Tah (pour N)

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