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Sentences
21 juin 2006

Fêtons la St Jean

La fête de la Saint-Jean Baptiste était célébrée tous les 24 juin bien avant que de devenir la fête nationale de tous les Québécois.

Déjà en des temps immémoriaux, les peuples païens célébraient le solstice d'été par un grand feu de joie, symbolisant la lumière qui était à son apogée.

Puis, dans la France catholique de Clovis, on conservera la tradition du feu de joie pour célébrer la naissance de Saint Jean le Baptiste, le cousin de Jésus, appelé 'le baptiste' puisque c'est lui qui a baptisé le Christ, marquant ainsi le début de sa vie publique. Jean est donc celui qui sera la précurseur du Christ, "la lumière du monde" - d'où le lien avec le solstice et le feu de joie.

"Je suis la voix qui crie dans le désert!" - vous pouvez (pour votre culture!) en lire principalement le récit*** dans l'évangile de Matthieu, chap. 3; ou Marc chap. 1; ou Luc chap. 3.

La fête religieuse de Jean le Baptiste revêt donc une importance toute particulière pour tous les catholiques d'Europe, et spécialement pour ceux de France, où dans la nuit du 23 au 24 juin à Paris, le roi de France lui-même allume le feu de la Saint Jean. Une fois en terre d'Amérique, les Français continueront de souligner cet événement: les Relations des Jésuites font allusion à cette coutume dès 1636, alors que la ville de Québec ne comptait encore que 200 âmes. On sait aussi que le 24 juin de cette année-là, le gouverneur de Québec, monsieur de Montmagny, fit tirer à cette occasion cinq coups de canon!

Mais la St-Jean demeure avant tout, pour les Québécois qui étaient très pieux, une fête religieuse, qui donne souvent lieu à des processions dans les rues de la ville, comme c'est le cas de plusieurs autres fêtes, par exemple celles de la Vierge Marie, de St Joseph ou de Ste Anne. C'est en 1834 que de fête religieuse, la St-Jean-Baptiste deviendra un symbole national pour les Québécois.

En effet, le 8 mars 1834, Ludger Duvernay et quelques autres Montréalais d'élite fondent une société d'entraide et de secours dont le nom en dit long sur ses objectifs: "Aide-toi et le ciel t'aidera". Cette société deviendra plus tard la Société Saint-Jean-Baptiste, active encore de nos jours.

Et c'est le 24 juin 1834 que Ludger Duvernay et une soixantaine de Montréalais d'origine francaise et anglaise organisent un banquet patriotique, la première véritable célébration 'nationale' de la St-Jean. Il est important de souligner que si le nationalisme se définit comme la volonté de se libérer de l'emprise d'un pouvoir politique supérieur, à cette époque au Bas-Canada, "être nationaliste" signifiait donc désirer s'affranchir de la métropole, en l'occurrence la Grande-Bretagne. Il ne faut donc pas se surprendre de voir un grand nombre d'anglophones de Montréal participer à ce banquet nationaliste, qui se tiendra dans les jardins de l'avocat John McDonnell, non loin de l'ancienne gare Windsor.

Ce banquet fut un véritable succès. Si bien que le journal La Minerve conclut, dans son édition du 26 juin 1834, que "Cette fête dont le but est de cimenter l'union des Canadiens ne sera pas sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme fête nationale et ne pourra manquer de produire les plus heureux résultats." (le terme "Québécois" n'est pas encore d'usage à l'époque; c'est ce qui explique l'emploi du terme "Canadien", ou Canadien-français, comme on entend encore dire nos grands-parents). Mise en veilleuse pendant et après les soulèvements des patriotes de 1837 et 38, la fête renaît à Québec en 1842 en tant que fête religieuse, et donne lieu à une grande procession, puis à Montréal en 1843, dans les mêmes circonstances. Ce furent nos premiers "défilés de la St-Jean".

Le 24 juin 1848, lors de la "parade de la St-Jean", une relique bouleverse la foule massée le long des rues de Québec: quelqu'un portait un des vestiges les plus précieux du Régime français, le drapeau du régiment de Carillon, qui avait été témoin de la brillante victoire des 3 500 soldats du général Montcalm contre une armée de 15 000 hommes, le 8 juillet 1758, à Carillon, aujoud'hui Ticonderoga dans l'état de New York. Ce drapeau fleurdelysé, l'ancêtre de l'actuel drapeau du Québec, fut depuis porté avec fierté, protégé dans un cylindre de métal, lors de tous les défilés de la St-Jean jusqu'en 1982, alors qu'il fut confié à l'Institut canadien de conservation, puis au Musée de l'Amérique française.

Aujourd'hui encore, la Société-St-Jean-Baptiste de Montréal organise le traditionnel défilé de la St-Jean, qui longe la rue Sherbrooke d'ouest en est pour se terminer au Parc Maisonneuve, où a lieu un grand spectacle populaire qui réunit plusieurs milliers de personnes chaque année. Ce n'est plus le drapeau de Carillon qu'on arbore, mais notre drapeau fleurdelysé bleu et blanc, qui a célébré ses 50 ans en 1998.  Pour souligner les origines religieuses de cette fête, une messe est célébrée chaque 24 juin au matin par l'archevêque de Montréal dans la très belle église historique St-Jean-Baptiste, rue Rachel, angle Henri-Julien, sur le Plateau Mont-Royal, l'un des quartiers les plus riches sur le plan culturel et intellectuel, mais aussi l'un des plus cosmopolites. La messe est suivie d'une grande fête populaire dans les rues de la ville, où musique traditionnelle - gigues et rigaudons - est à l'honneur. Il est à souligner que l'église est située dans l'ancienne municipalité de Saint-Jean-Baptiste, qui fut comme la plupart des petites villes situées sur l'île, annexée à Montréal au tournant du siècle. Cette église est également un lieu culturel de première importance à Montréal, puisqu'en plus de posséder un magnifique orgue Casavant de quatre claviers et 68 jeux, elle accueille de nombreux concerts, tant de musique chorale que symphonique.

source

*** Dans les Evangiles, il est question :

De l'annonce de sa naissance : Lc 1,5-25
De sa mère enceinte : Lc 1,24-25
                                Lc 1,39-56
De sa naissance : Lc 1,57-79
De son enfance et de sa jeunesse : Lc 1,80
De sa façon de vivre : Mt 3,1-6 et Mc 1,1-8
De sa prédication : Mt 3,7-12     Lc 3,1-18     Jn 1,19-28
De sa rencontre avec Jésus et de son rôle par rapport à Lui : Mt 3,13-17 et Jn 1,29-35
De sa mort tragique : Mt 14,1-12    Mc 6,14-29     Lc 3,21     Lc 9,7-9


La renaissance des feux de la St-Jean

Une tradition millénaire

Pour nos ancêtres païens, aux yeux desquels le Monde était peuplé de Divinités et d'Esprits de la Nature, le solstice d'été coïncidait avec la célébration de grandes fêtes associées au feu, symbole du rayonnement de la Divinité Solaire.

Ce n'est que bien plus tard, vers le 5ème siècle de l'Ere Chrétienne, que l'Eglise récupèrera la tradition païenne des feux du Solstice d'Eté, plaçant ceux-ci sous le signe de Saint Jean Baptiste, personnage de l'Ancien Testament associé à la Vraie Lumière et qui annonce le Messie à venir. Pour procéder à cette réhabilitation des mythes païens, la liturgie de l'église médiévale s'est appuyée sur l'Evangile selon Saint Jean, texte biblique (III, verset 30) où Saint Jean-le-Baptiste prononce la phrase suivante : " Il faut qu'il croisse et que je diminue ", faisant allusion au Christ, alors que la mentalité populaire y a vu une allusion au parcours du soleil ...

De cette " méprise " date en fait l'éclipse - sans mauvais jeu de mots - de la tradition païenne originelle par la religion Chrétienne, qui substitue un symbole biblique - le personnage de Saint Jean Baptiste - au mythe de la Divinité Solaire ... Même débarrassés de leurs attributs païens, les feux du solstice d'été n'en demeurent pas moins vivaces.

Couvant sous la cendre des siècles, ils vont d'ailleurs se perpétuer jusqu'à notre époque ! Depuis quelques années, la tradition des feux de la Saint Jean connaît en effet un spectaculaire regain d'intérêt, et nombreux sont les villages à proposer aujourd'hui des animations (banquets, jeux traditionnels, retraites aux flambeaux ... sans oublier le traditionnel bûcher !) aux alentours de la Saint Jean Baptiste, le 24 juin.

Les bûchers, brasiers, et autres feux de joie sont sans doute l'aspect le plus spectaculaire de cette fête qui associe, par un paradoxe qui lui est propre, résidus de croyances païennes, traditions rurales et célébrations religieuses.

Evidemment, " l'esprit " de la fête s'est profondément modifié au fil du temps, et si l'on célébrait autrefois le retour de l'été triomphateur à l'orée des grands travaux de fenaison et de la saison des récoltes, associant en cela les feux de la Saint Jean aux pratiques agraires, ceux-ci possèdent aujourd'hui une dimension beaucoup plus ludique : joie de vivre un moment fort entre amis, voisins, habitants d'un même village ou d'une même région, dans une ambiance festive et conviviale avec, pour point d'orgue, le spectacle de l'embrasement du bûcher, au cours duquel les flammes montent, dans une danse aérienne, vers le ciel nocturne, réveillant l'instinct primitif qui sommeille en nous et une fascination quasi atavique pour cet élément qui demeure aujourd'hui encore objet de mystère : le feu.

Quelques croyances liées aux Feux de la Saint-Jean

• On croyait que la nuit de la St-Jean était une nuit très spéciale, magique où l'on pouvait connaître l'avenir par toute sorte de méthodes (dont celle de regarder les flammes du bûcher). Certaines croyances accordaient des pouvoirs bénéfiques aux tisons, à la cendre et aux charbons.

• Des dictons populaires exposent la grande tolérance envers les rencontres sexuelles et du désir effréné lors des mariages d'une nuit. Un dicton provençal résume bien cette idée : " Déshabille-toi pour la St-Jean et habille-toi pour le lendemain ".

• Laisser le feu de la St-Jean s'éteindre porte-malheur.

• "Franchir neuf feux de la St-Jean apporte le bonheur et assure à celle qui le fait un mariage d'ici la fin de l'année. Mais attention à la jeune fille qui roussit ses jupons, elle diminue d'autant ses chances de trouver un mari dans l'année."

• Les époux, les fiancés et les amoureux ont intérêt à sauter par-dessus le feu car leurs sentiments se renforceront davantage. Pour les autres, ce saut apporte la force et met à l'abri des maladies.

• Dans la région du Mans, il existait une méthode pour connaître la couleur des cheveux de sa future épouse. Il fallait faire trois fois le tour du feu, prendre un tison dans la main gauche et le laisser s'éteindre. De retour chez lui, le jeune homme devait le mettre dans une chemise qu'il avait portée pendant trois jours. Au réveil, ce dernier découvrait autour du tison des cheveux de celle qu'il allait épouser.

Source : "Les feux de la Saint-Jean, christianisation des feux et des rituels du solstice d'été", par Nancy Shaink, Sexologue-éducatrice, M.A. sciences des religions.


Traditions

Dès la veille de le Saint-Jean, on voit des troupes de petits garçons et de petites filles en haillons aller de porte en porte, une assiette à la main, quêter une légère aumône : ce sont les pauvres, qui n'ont pu économiser sur l'année entière de quoi acheter une fascine d'ajonc, qui envoient ainsi leurs enfants mendier de quoi allumer un feu « en l'honneur de monsieur saint Jean. »

Vers le soir, on aperçoit, sur quelque rocher élevé, au haut de quelque montagne, un feu qui brille tout-à-coup ; puis un second, un troisième, puis cent feux, mille feux ! Devant, derrière, à l'horizon, partout la terre semble refléter le ciel, et avoir autant d'étoiles ; de loin, on entend une rumeur confuse, joyeuse, et je ne sais quelle étrange musique, mélangée de sons métalliques et de vibrations d'harmonica qu'obtiennent des enfants en caressant du doigt un jonc fixé aux deux parois d'une bassine de cuivre pleine d'eau et de morceaux de fer ; cependant, les conques des pâtres se répondent de vallée en vallée ; les voix des paysans chantent des noëls aux pieds des calvaires, se font entendre ; les jeunes filles, parées de leurs habits de fête, accourent pour danser autour des feux de saint Jean ; car on leur a dit que, si elles en visitaient neuf, elle se marieraient dans l'année. Les paysans conduisent leurs troupeaux pour les faire sauter par dessus le brasier sacré, sûrs de les préserver ainsi de maladie.

C'est alors un spectacle étrange pour le voyageur qui passe, que de voir de longues chaînes d'ombres bondissantes tourner autour de mille feux, comme des rondes diaboliques, en jetant des cris farouches et des appels lointains. Dans beaucoup de paroisses, c'est le curé lui-même qui vient processionnellement, avec la croix, allumer le feu de joie préparé au milieu du bourg ; à Saint-Jean-du-Doigt (Finistère), le même office est rempli par un ange qui, au moyen d'un mécanisme fort simple, descend, un flambeau à la main, du sommet de la tour élancée, enflamme le bûcher, puis s'envole et disparaît dans les aiguilles tailladées du clocher.

Les Bretons conservent avec une grande piété un tison du feu de la Saint-Jean : ce tison, placé près de leur lit, entre un bois bénit le dimanche des Rameaux, et un morceau de gâteau des Rois, les préserve, disent-ils, du tonnerre. Ils se disputent en outre, avec beaucoup d'ardeur, la couronne de fleurs qui domine le feu de Saint-Jean : ces fleurs flétries sont des talismans contre les maux du corps et les peines de l'âme : quelques jeunes filles les portent suspendues sur leur poitrine par un fil de laine rouge, tout puissant, comme on le sait, pour guérir les douleurs nerveuses.

A Brest, la Saint-Jean a une physionomie particulière et plus fantastique encore que dans le reste de le Bretagne. Vers le soir, trois à quatre mille personnes accourent sur les glacis ; enfants, ouvriers, matelots, tous portent à la main une torche de goudron enflammée, à laquelle ils impriment un mouvement rapide de rotation. Au milieu des ténèbres de la nuit, on aperçoit des milliers de lumières agitées par des mains invisibles qui courent en sautillant, tournent en cercle, scintillent, et décrivent dans l'air mille capricieuses arabesques de feu : parfois, lancées par des bras vigoureux, cent torches s'élèvent en même temps vers le ciel, et retombent en secouant une grêle de braie enflammée, qui grésille sur les feuilles des arbres ; on dirait une pluie d'étoiles.

Une foule immense de spectateurs, attirée par l'originalité de ce spectacle, circule sous cette rosée de feu. Cela dure jusqu'à la fermeture des portes. Quand le roulement de rentrée se fait entendre, la foule reprend le chemin de la ville. Alors, le pont-levis remonte, et les sentinelles commencent à se renvoyer le qui vive de nuit, tandis que sur les routes de Saint-Marc, de Morlaix et de Kerinou, on voit les torches fuir en courant, et s'éteindre successivement, comme les feux follets des montagnes.

En Poitou, pour célébrer la Saint-Jean, on entoure d'un bourrelet de paille une roue de charrette ; on allume le bourrelet avec un cierge bénit, puis l'on promène la roue enflammée à travers les campagnes, qu'elle fertilise, si l'on en croit les gens du pays.

Ici, les traces du druidisme sont évidentes : cette roue qui brûle est une image grossière, mais sensible, du disque du soleil, dont le passage féconde les terres. Le long de la Loire, les mariniers qui fêtent la Saint-Jean allument aussi des feux de joie, sur lesquels ils font une matelotte. Cet acte domestique semble rappeler le renouvellement des feux de ménage à l'ancienne fête de solstice.

En Allemagne, des usages du même genre constatent la liaison qui existe entre les feux de la Saint-Jeean et l'ancien culte du soleil.

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