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Sentences
16 juin 2006

" Les couples islamo­chrétiens " (EXPERIENCE)

Pentecôte 1977 : A notre initiative, cinq couples islamo­chrétiens de Nantes, Lyon, Paris et Trélon (nord) se retrouvent pour la première fois dans la région parisienne. Le groupe des foyers islamo­chrétiens est né.
Pentecôte 1999 : 40 couples environ, certains représentés par un seul partenaire, dialoguent en toute liberté de tous les sujets qui leur tiennent à cœur.

Nous retrouvons chez les jeunes couples les mêmes préoccupations que les nôtres en 77. Leur profondeur dans la Foi nous réjouit, d'autant plus que l'on entend partout le même discours: " Les jeunes ont perdu leur identité religieuse. Leurs valeurs ne trouvent plus leur source en la Foi en Dieu ". Cette rencontre fut un déni à cette constatation trop rapide et souvent globalisante.

Quelles questions se posent donc, aujourd'hui comme hier, les couples islamo-chrétiens ?

Comment ne rien trahir de sa propre Foi en respectant profondément celle de l'autre ? Les certitudes transmises par nos deux communautés sont souvent déstabilisées par la rencontre. Il faut sans cesse accepter de se remettre en question, rééquilibrer pour parvenir à trier l'indispensable de l'accessoire et ne pas buter sur le mur de nos divergences.

S'il est vrai que cela nous sépare, est­il utile de s'y attarder au quotidien ? La sacro­sainte question " que transmettre à nos enfants ? " est incontournable. Que signifie le baptême ? La circoncision ? Comment vivre en famille avec nos différences ?

Faut­il choisir pour eux la communauté de l'un ? L'autre ne se sentira­t­il pas alors quelque part atteint dans son identité, même si un respect profond s'est instauré ? Ne parler à l'enfant que des points communs ne risque­t­il pas d'installer un syncrétisme qui affadira les deux messages ? Ne pas lui cacher les divergences et trop insister sur elles ne lui laissera­t­il pas l'impression d'être assis entre deux chaises ? Alors, n'y a­t­il pas de solution ? Chaque couple aura à inventer. L'amour profond que les conjoints vivent et le respect qu'ils se témoignent seront pour l'enfant des fondations solides sur lesquelles il pourra se construire.

Voir les grands jeunes présents au week­end, épanouis et rayonnants, est une grande leçon d'espérance. La plupart d'entre eux, sinon tous, connaissent leur deuxième pays. Ils y ont découvert et vécu une autre civilisation, d'autres coutumes, l'islam vécu au quotidien, qui font partie de leur identité.

Chaque participant découvrira qu'il doit se préparer à ce que son enfant ne soit pas porteur de ses rêves. Peut­être, ne choisira­t­il aucune communauté ? Peut­être choisira­t­il la religion de l'autre ? Il aura alors à respecter son choix et à l'aider à cheminer sur son propre chemin à la rencontre de Dieu ou de lui­même : " Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle­même. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas " (Khalil Gibran, " Le Prophète ", éditions Casterman).

Il ne faudrait pas conclure sans dire qu'il est possible de prier ensemble. Lors du week­end, des chrétiens se sont silencieusement recueillis devant la prière des musulmans. Des musulmans étaient présents à l'Eucharistie de Pentecôte. Tous se sont retrouvés à l'issue des échanges pour un partage spirituel commun.

Ghislaine et Hocéine BAYOD

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