Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sentences
25 mars 2006

Rachid Koraichi-Peintre, illustrateur en lien avec le soufisme

Calligraphie?

L'art de Rachid Koraïchi ne procède pas de la calligraphie et son travail se définit plutôt en terme d'écriture, de signe et de trace.

sources

Rachid Koraïchi
Une architecture céleste pour le soufisme
De Maryline Lostia

Les partis uniques nous ont appris à nous voir comme des êtres uniques qui se croient incontournables, les seuls. Il faut occulter les autres pour rester les seuls et ainsi on reproduit de maniére mimétique les systèmes. Et l'acte de résistance consiste justement à éviter de tomber dans le panneau et dire qu'être artiste c'est être plusieurs et que personne ne détient la vérité.
Rachid Koraïchi [1]

L'écriture culte

Né en Algérie en 1947, dans la région des Aurés, Koraïchi appartient à une famille de tradition soufie. Cet élément est d'importance pour comprendre le lien sacré qu'il entretient avec l'écriture et les signes. Dès son plus jeune âge, son regard d'enfant parcourt, sans encore la lire, l'écriture arabe présente dans la demeure familiale sur des parchemins ornés d'enluminures, dans de vieux livres décorés d'arabesques. Livres merveilleux et mystérieux, soustraits aux mains de l'enfant, ce qui ne manque pas d'éveiller son attention...

Très tôt le matin , avant l'heure de l'école traditionnelle, la famille Koraïchi envoie le jeune enfant de trois ans à la Zaouïa. Le taleb invite les enfants à réciter les versets du Coran inscrits la veille en palimpseste sur le bois. Puis, le texte inscrit dans les mémoires est effacé de la planche, ainsi préparée pour recevoir le tracé d'autres lettres formées par les gestes appliqués de l'enfant, soucieux du kalame qu'il tient entre ses doigts qui pardonne peu les maladresses. Cet apprentissage précoce caractéristique de la culture arabo-musulmane, établit sans nul doute un lien profond à l'écriture.

Ce lien sacré est renforcé par le texte religieux lui-même. Dans le passage du Coran retraçant la Genèse, le monde advient à l'être par la parole divine. Le kaf et le nûn ordonnent la Création (ces deux lettres formant l'impératif de la Création, correspondent au "fiat" dans la tradition chrétienne) Dès lors, le pouvoir conféré à la parole par la tradition religieuse est immense. Les mots engendrent l'Être et la réalité de ce qui nous entoure.

Au commencement fut le signe, et il est plus que probable que l'humanité elle aussi commence avec les signes. Mêlés aux premières peintures rupestres du Tassili, des signes s'inscrivent; ils sont les premiers balbutiements de l'écriture. La beauté de ces oeuvres primitives de la période protohistorique fascine notre artiste.

Jamel Eddine Bencheikh parle d'écriture passion pour évoquer l'oeuvre de Koraïchi. Cette écriture passion s'entend en plusieurs sens. Elle s'explique par l'intérêt de l'artiste pour les textes de la tradition mystique, textes dont il reprend des bribes dans son oeuvre. Elle s'explique aussi par le travail croisé accompli avec ses amis Mahmoud Darwich, Mohamed Dib, Bencheikh, mais aussi René Char et Michel Butor, montrant ainsi que les cultures s'enrichissent et se nourissent de leur rencontre. "Dans l'espace de l'atelier, on est confronté à notre oeuvre. Mais en réalité, celle-ci est irriguée, elle est ramifiée par la réflexion et le travail des autres. [1] dit-il encore dans un entretien. Dans son ouvrage, prolifèrent aussi les caractères d'un alphabet personnel, investissant l'oeuvre d'une force novatrice où les lettres sont des signes, où les signes prennent vie sous forme de personnages (où l' on peut comprendre que l'être humain est signe parmi les signes, créé, nommé, comme les autres lettres porteur d'un message)

Cette vertigineuse multiplication des lettres et des signes donnent à voir l'ivresse des enchevêtrements; des échos multiples se répondent. L'artiste semble animé par la folie de la répétition. S'il en est ainsi, c'est parce que le monde spirituel est infini comme sa quête. Comment dès lors, des mots finis, des signes figurant la beauté désirée, pourraient-ils atteindre et cerner ce monde spirituel? Ainsi, les soufistes demandaient comment des mystères contemplés dans la vision extatique, pourraient être interprétés par des mots, des images ou des signes?

L'oeuvre de Koraïchi nous donne à voir deux aspects essentiels et contradictoires de la lettre ou du signe. La lettre, par les compositions infinies qu'elle engendre, crée la réalité et est la totalité. Mais cette totalité, quoi que nous fassions pour la retenir en répétant toutes ses combinaisons possibles, nous échappe, parce que cette totalité est infinie et trop riche, parce qu'aussi cette totalité est multiplicité.

Matières de mémoire

La civilisation arabo musulmane se caractérise par un amour du Verbe divin. Les sourates du Coran sont psalmodiées à l'infini. Cette étourdissante parole lyrique se recopie, s'incruste, se peint. Les calligraphies où les lettres s'animent d'une vie animale et végétale couvrent des papyrus, les frontispices des casbahs, des céramiques émaillées, des talismans de cuivre ou de bronze, les dômes des mosquées, les tapis de prière....Tout est support de la parole sacrée. Fier de cette tradition inscrite en lui, Rachid Koraïchi se distingue d'autres artistes par les supports qu'il utilise. Certes, la toile sur le chevalet n'est pas oubliée, mais son usage est rare. Au lieu d'énumérer les supports sur lesquels il a travaillé, il serait plus facile de se demander quels sont ceux qu'il n'a pas utilisé. Si les nuages, l'immensité de la mer ou le vent lui échappent en tant que supports sur lesquels il viendrait inscrire ses empreintes, ils viennent s'incarner symboliquement dans ses oeuvres. Par ailleurs, Rachid utilise le vol des oiseaux pour dessiner des chemins vers le ciel. Et ces chemins invisibles pour nous, entre ciel et terre, ont pour lui autant de réalité matérielle que les tracés d'une plume.

Dans d'autres oeuvres, il apprivoise la lumière. Et elle dessine pour lui des tracés éphémères. Ainsi, les ombres portées sur les murs de l'Eglise Ateneo Saint Basso retracent et multiplient ses ouvrages. Cette alliance avec le soleil permet à l'artiste de donner une autre vie à ce qu'il crée, comme si cette création une fois achevée s'animait d'elle- même pour engendrer d'autres oeuvres au fil du temps. Par exemple, ses personnages signes en acier se doublent de leurs ombres qui, autonomes, viennent se coucher sur le sol, se croisent et s'entrecroisent pour disparaître à la fin du jour et renaître finalement le jour suivant. Même la lumière et l'espace fonctionnent comme d'invisibles supports .

Renouant avec la tradition antique qui ne séparait pas l'artiste et l'artisan, Rachid Koraïchi célèbre les objets façonnés par les artisans. Il a souvent travaillé avec ceux dont il admire les procédés intemporels. Citons parmi beaucoup d'autres, les potiers de Jerba qui, par leur savoir faire ancestral, font naître de la terre des jarres dont la beauté simple nous séduit. Même admiration pour les travaux de la brodeuse Fadila Barrada de Casablanca, dont on peut admirer le travail sur les pièces de lin indigo exposées pour la biennale de Venise. [2] Vases, vasques de céramique, assiettes émaillées, tapis de laine, tissus de lin ou de soie ornés de broderie, kaftans revisités: toutes ses formes artisanales revivent, comme parées d'un tissage où les fils enroulés se déploient dans un tracé jubilatoire, se modèlent en phrases , en signes de l'univers de Koraïchi. Et dans cette immense variété des formes et des supports, l'unité de son style donne une identité propre à ses objets d'art.

Le koraïchite

Son nom le prédestinait à son oeuvre. Le koraïchite est, en effet, celui qui a le devoir par sa filiation, de transmettre le message coranique en délivrant le sens du message divin à travers une herméneutique. Son travail sur les signes l'attache à cette vocation ancestrale pour interroger les composants du texte eux-mêmes. Par cette quête, il tente de dégager au travers de son oeuvre un des sept sens ésotérique du texte sacré. Un des hadîth (parole sacrée) du prophète affirme: "Le Coran a un sens exotérique et un sens ésotérique. Ce sens ésotérique a lui même un sens ésotérique, ainsi de suite jusqu'à sept sens ésotériques." Son investigation amène Koraïchi à se pencher sur les premières traces d'écriture découvertes dans les célèbres peintures rupestres. Il s'attache aux signes et symboles qui ont traversé plusieurs civilisations, invente d'autres signes possibles. Cette démarche pourrait apparaître comme une curiosité. Pourtant, rapprochée d'une légende arabe, elle prend une autre dimension.

L'alphabet arabe était autrefois composé de toutes les lettres que nous connaissons et de sept autres lettres qui se sont perdues. [3] L'ensemble des lettres au grand complet donnait à celui qui les possédait le pouvoir de répondre à toutes les questions essentielles. La tradition raconte que sept de ces lettres sont tombées sous la table et ont disparues. Ce sont ces sept lettres qui nous font défaut pour déchiffrer le sens ultime de l'existence. Dès lors, la modestie nous invite à penser que le sens ultime nous échappe: la réalité comme le sens sont pluriels.

En filigrane, si la vocation du koraïchite est de transmettre le message coranique, son devoir est aussi de montrer ce que ce message n'est pas. L'islamisme, dans sa violence aveugle et sa lecture frustre et réductrice, n'est pas l'Islam. Si la tradition a interdit la représentation des images figuratives dans les mosquées, le dogme n'excluait pas cette figuration pour les artistes. L'Islam est une religion aniconiste et non pas iconoclaste. La représentation des images n'est pas prohibée, seule l'adoration de ces images est condamnée. Koraïchi, imprégné par la culture musulmane, ne peut que dénoncer les torsions que certains font subir à l'Islam. Restant profondément attaché à la beauté du message coranique, il redonne force à la tradition soufie qui, s'inspirant du Coran, est porteuse d'un message embellissant la vie par son aspiration à la tolérance et à l'ouverture.

Le chemin des correspondances

L'histoire de cette rencontre entre un artiste contemporain et Rûmî, mystique du treizième Siècle, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs est l'aboutissement d'un long cheminement, riche en détours et en compagnons de route. Pour reprendre le titre d'une de ces expositions en hommage à René Char, Koraïchi est artiste à faire "chemin avec...", compagnon embellissant la voie, la démultipliant à travers un jeu de miroirs jusqu'à ce qu'un lieu désigne un autre départ, enrichi d'une nouvelle rencontre. Pour ce chemin conduisant à Rûmî, Koraïchi est accompagné de deux autres penseurs soufistes: Ibn Arabi et Attar. Au premier, Rachid Koraïchi a consacré une exposition itinérante "Lettres d'argile". Cette exposition commémorait l'oeuvre d'Ibn Arabi selon un itinéraire allant de Damas, lieu où il repose, pour reprendre en sens inverse le chemin de sa vie jusqu'à Murcie. Koraïchi a également rendu hommage à Attar, l'auteur de la "Conférence des oiseaux"; son installation dans les jardins de Chaumont en 1998 et 1999, révèle des voies invisibles tracées par le vol des oiseaux entre ciel et terre.

Attar et Ibn Arabi sont comme le fil d'Ariane menant à un lieu et à un homme. Cet homme est Mawlânâ Djalâl Od-dîn RÛMÎ. Historiquement, ces chemins entrecroisés ont une réalité. Lors d'un long voyage avec sa famille , le jeune Rûmî âgé de sept ans, rencontre Attar qui lui offre le "Livre des secrets". Rûmî conservera une grande admiration pour lui; de ce maître à penser, il écrit qu'il a parcouru les sept cités de l'Amour, signifiant l'achèvement de sa réalisation spirituelle.

Rûmî a t-il rencontré Ibn Arabi? La légende le veut. La rencontre spirituelle est seule indéniable. Ibn Arabi séjourne à Konya au cours de l'année 1210. Son enseignement se développe ensuite dans la ville grâce au plus influent de ses disciples, Saddredin al Qunawi. Ainsi, c'est à Konya que se transmet le flambeau de la pensée du maître. C'est à Konya aussi que furent conservés les manuscrits les plus fiables des oeuvres d'Ibn Arabi. Chargée d'un potentiel spirituel et esthétique permanent, point d'intersection des grandes figures mystiques ayant bercé en son sein la civilisation hittite pour recueillir deux mille ans plus tard, l'un des plus fervents disciples du Christ, Saint Paul, cette ville sacrée atteint son apogée au Treizième siècle dans un climat exceptionnel d'échanges entre diverses confessions religieuses. Cette ville symbole de l'ouverture et de la tolérance est celle où s'installe la famille de Rûmî et où il fondera plus tard, l'ordre des derviches tourneurs.

L'inépuisable monde spirituel de Rûmî retiendra l'artiste Koraïchi pour longtemps. Une première exposition à Ankara en Décembre 99, "le Chemin de roses", présentait 28 vasques d'ablution, ornées des textes de Rûmî et de symboles propres à sa pensée. Une autre exposition au Maroc, intitulée "Chemin de roses II", présentait des bandes de lin brodées des paroles de Rûmî, 28 sculptures d'acier de 98 cm et 98 signes-symboles de 28 cm. L'artiste joue sur l'entrecroisement des ombres projetées symbolisant le caractère éphémère de notre vie, contrastant avec la permanence et la stabilité de l'Humanité toujours debout dans le soleil. Cette dernière installation dans l'Eglise Ateneo Saint Basso pour la biennale de Venise, rassemble les différents travaux exécutés en hommage à Rûmî depuis prés de deux ans. Que cette Eglise ait été choisie pour abriter en son sein le couronnement de l'hommage à Rûmî, illustre parfaitement l' esprit de tolérance et de conciliation des différentes religions propre au fondateur de l'ordre des derviches tourneurs.

Rûmî et les chants du miroir

Dans l'oeuvre du fondateur de l'ordre des derviches tourneurs, une place essentielle est accordée aux diverses formes artistiques que sont la poésie, la musique et la danse. Si les arts sont l'objet d'une admiration constante c'est parce qu'ils sont autant de moyens d'accéder au divin, autant d'intermédiaires nous permettant d'approcher la beauté de l'Etre. Pour mieux comprendre cette pensée, il faut considérer Dieu comme l'Artiste Créateur par excellence. La création du monde est l'oeuvre vivante du plus grand artiste, mais Dieu en créant le monde ne fait rien d'autre que créer un miroir. Conformément au hadîth qudsi (Parole sacrée) où Dieu dit: "J'étais un trésor caché et je désirais être connu. Je créai le monde pour être connu de lui" [4]

Rûmî voit dans l'acte Créateur, la volonté de communiquer Sa transcendance: "L'Artiste montre son talent afin qu'on croit en lui et reconnaisse ses capacités." [5] Mais , si le monde est miroir épiphanique dans lequel vient se refléter la gloire de l'Etre, ce monde lui-même est "divinisé" puisqu'il reflète la Beauté divine. "la totalité des formes n'est qu'un reflet dans l'eau de la rivière: si tes yeux sont dessillés, tu sauras qu'en réalité elles sont toutes Lui;" [61] Ainsi, l'immanence et la transcendance ne sont pas séparées: elles sont des aspects complémentaires de la même Réalité.

L'artiste-miroir

Dans la mystique de Rûmî, l'artiste dévoile la beauté de la Création, nous rapprochant ainsi, de l'Etre. Le meilleur artiste selon Rûmî, est le plus apte à refléter la Création. Cette passivité de l'esprit artistique contemplateur de beauté est illustrée par une parabole qu'il expose dans son Mathnawî: un sultan, ayant à choisir les meilleurs artistes, met en concurrence les Chinois et les Grecs en leur donnant à chacun un mur opposé à décorer. Un rideau les sépare. Les Chinois déploient tous leurs talents, tandis que les Grecs jour après jour, lustrent inlassablement le mur. Une fois le rideau levé, c'est le reflet des fresques des Chinois sur le mur poli des Grecs qui emporte l'admiration. Les Grecs sont les artistes authentiques pour Rûmî; la pureté du miroir évoque leurs coeurs capables de recevoir d'innombrables images. Comme l'artiste, "le saint parfait conserve dans son sein l'infinie forme sans forme de l'Invisible reflété dans le miroir de son propre coeur." [7]

Ainsi, l'artiste est miroir de la transcendance: par les reflets qu'il crée, il nous permet d'approcher la Beauté de l'Etre. Cette contemplation est précieuse. Elle accoutume nos regards à l'image d'une Beauté supérieure, Beauté inaccessible parce qu'Elle exigerait une pureté trop grande de nos regards. L'artiste est médiateur. Cette conception de la création artistique comme médiatrice ne pouvait que séduire le koraïchite.

La tradition religieuse exigeait que les versets du Coran et les textes des mystiques soient écrits comme s'ils se reflétaient dans un miroir afin que le sens soit voilé avec sagesse à ceux qui ne le comprennent pas. Accéder au sens du texte exige ainsi un effort de concentration et de purification; la parole sacrée est trop précieuse pour se livrer immédiatement.

Rachid Koraïchi est fidèle à cette tradition. Il l' utilise ici pour les textes de Rûmî. Accompagnant ce grand mystique, il réfléchit certains fragments de ses poèmes.

Si pour Koraïchi, la création artistique est essentiellement volonté de se faire miroir de la beauté et de la culture qui nous entoure, il y a aussi chez lui, la tentation d'un démiurge qui donnerait vie à ce qu'il crée. L'effet de miroir est utilisé dans de nombreuses oeuvres qui pourraient presque, si on les pliait selon une ligne verticale placée en leur centre, se superposer comme se superpose la paume de notre main droite sur son reflet qu'est la paume gauche, comme aussi chaque être vivant porte à sa gauche le reflet de sa partie droite. L'artiste s'efface devant cette beauté recréée qui, par le jeu des miroirs s'anime de son propre mouvement.

Toutes les formes artistiques sont autant de moyens d'accéder à la transcendance ou de saisir l'unité de la Création à travers une sympathie universelle. La méditation religieuse du Coran ou la connaissance rationnelle ne nous donnent pas un accès privilégié à l'Etre. En revanche, la musique, la poésie et la danse sont autant de témoignages sensibles de la grandeur du Créateur , mais aussi un mode de communion auquel toute la Création participe.

Métaphysique des arts

La musique, telle qu'elle est envisagée par Rûmî, est participation mystique, mise au diapason d'un cosmos sacralisé où tous les êtres, toute la Création, célèbrent les louanges de Dieu. Ainsi l'univers tout entier s'associe pour chanter la joie triomphale de la Création: "Je vois les eaux qui jaillissent de leurs sources (...) les branches des arbres qui dansent comme des pénitents, les feuilles qui battent des mains comme des ménestrels." [8] Célébration de la création à l'égard de son Créateur, la musique est aussi acheminement: l'échelle musicale symbolisant l'ascension de toute la Création: "Du moment où tu vins dans le monde de l'existence , une échelle fut placée devant toi pour te permettre de t'évader. D'abord tu fus minéral, puis tu devins plante; ensuite tu es devenu animal; comment l'ignorerais-tu? Puis tu fus fait homme, doué de connaissance, de raison et de foi.
Considère ce corps tiré de la poussière: quelle perfection il a acquise." [9]
Ainsi même le minéral participe, au plus bas de l'échelle de la gamme, à un chant qui s'élève jusqu'à la perfection de l'homme. Mais, cette symphonie se laisse aussi interpréter comme l'écho de la voix divine qui se répercute du macrocosme au microcosme.

A cet art fugace, le plus beau parce que le plus métaphysique, Rachid Koraïchi est sans nul doute sensible. Même si elles paraissent rudimentaires car porteuses d'une seule note, les vasques d'ablution sont comme des coquilles de porcelaine qui charment l'oreille de l'artiste. De la voix de la porcelaine qui résonne comme un diapason, aux chants multiples et spontanés des oiseaux pour lesquels il crée un jardin en hommage à Attar, ce sont tous les sons de l'échelle des êtres qui viennent entourer la création de Koraïchi. [10]

Si la musique est célébrée, la poésie l'est également. Les textes de Rûmî, que ce soient les "Odes Mystiques", son "Mathnawî" ou le "Livre du dedans", sont avant tout des oeuvres poétiques. La poésie est création musicale , à laquelle vient s'associer la création d'images. La transcendance ne se dit pas, elle se célèbre poétiquement ou se psalmodie dans la prière: elle est musicalité du Verbe. Il en va de même pour l'écriture qui se calligraphie ou se brode de fils d'or afin de rendre hommage au texte.

Ainsi Rachid Koraïchi retranscrit le texte de Rûmî en le répétant à l'infini, comme si le poème prenait la forme d'une prière ou d'une incantation au divin.

Inséparable de la musique, la danse est plus que toute autre forme artistique liée à Rûmî, fondateur de l'ordre des Mawlavîs. Que la danse soit un art permettant d'entrer en communion avec le divin surprend d'abord. L' enveloppe charnelle n'est-elle pas cette éternelle prison de l'âme, qui par sa pesanteur nous éloigne de la spiritualité? C'est oublier que le corps participe de la Création; il est le point d'ancrage de l'esprit dans le monde. Les mains du derviche tourneur, l'une tendue vers le ciel, l'autre tournée vers la terre, évoquent la position centrale de l'homme. "Considère ce corps tiré de la poussière: quelle perfection il a acquise." [9] Ainsi le corps humain marque l'ascension réalisée eu égard aux règnes végétal et animal. La danse des Mawlavîs fête symboliquement l'ensemble de la Création, du macrocosme au microcosme. Son mouvement décrit le système solaire dans une ronde cosmique à l'intérieur de laquelle chacun, semblable à une planète, tourne sur soi; mais la danse décrit également l'ascension réalisée par l'Être. Si l'on interroge les Mawlavîs sur le secret de cette danse circulaire, ils répondent qu'elle est le secret de l'origine et du retour , nous conviant à retourner d'où nous venons avec sérénité. Dans le mouvement doux et reposant de la danse, la mort perd son caractère tragique, car lorsqu'ils se débarrassent du manteau noir et de la toque symbolisant la tombe, c'est pour, vêtus de blanc, dans un ultime dépassement , accéder à l'ordre angélique: "Quand tu auras voyagé à partir de ta condition d'homme, sans nul doute, tu deviendras un ange. Quand tu en auras fini avec la terre , ta demeure sera le ciel. Dépasse le niveau de l'ange: pénètre dans cet océan, afin que ta goutte d'eau devienne une mer plus vaste..." [11] La mort est belle et légère comme une danse qui, en son mouvement, nous porterait plus haut.

Même sagesse, même acceptation souriante de tous les mouvements de la vie chez Rachid Koraïchi. Que ses mouvements soient l'expression des désirs et pulsions ou ceux de la douleur, son acquiescement se résout dans un amor fati sans résignation aucune, à ces désordres qui ordonnent le cours de notre existence sensible.

Cette apologie de la danse mystique est reprise par le peintre et sculpteur. Fixer le mouvement des derviches tourneurs dans l'acier et à l'intérieur des vasques, faire de la danse une suite d'immobilités successives qui créent un rythme, est le tour de force réalisé par R. Koraïchi. L'observateur attentif retrouve cette animation circulaire dans les dessins: le point, symbole de l'Unité de l'Être, en tournant très vite, va donner naissance à des lignes concentriques, comme la pierre jetée dans l'eau dessine des ondes en sa surface. Ces cercles sont autant de strates qui se donnent à gravir afin de parcourir l'échelle universelle de la Création. Toute l'exposition reprend le point et les cercles comme un refrain, rappelant que le monde et l'homme, en leurs mouvements le long du cercle de l'existence, doivent leur apparition à la manifestation de l'Essence divine. Les lignes des dessins s'inscrivent sur un fond pour lequel Rachid Koraïchi a choisi le bleu évoquant ainsi les voûtes du ciel décrites par Rûmî. Le bleu indigo est repris pour le tissage des bandes de lin brodées d'or. Le clin d'oeil au célèbre Coran bleu exposé dans la ville de Kairouan, est manifeste. De même que les sourates du Coran Bleu sont calligraphiées en lettres d'or, ici une multitude de fils d'or s'entrecroisent en des lettres brodées afin de souligner la beauté du message transmis par Rûmî. La position centrale de l'homme est figurée par la présence des Mawlavîs découpés dans l'acier et qui, grâce à la virtuosité de l'artiste, s'animent du mouvement cosmique qu'ils célèbrent.

"La foi toute entière est plaisir et passion" Rûmî

Koraïchi et Rûmî sont liés par une vision mystique de l'amour semblable. La distinction chrétienne entre un amour de concupiscence et un amour de bienveillance, ce fossé entre l'amour sensuel, laid parce qu'attaché au sensible, et une forme d'amour supérieure, est une coupure arbitraire . Pour Rûmî, le plaisir n'est pas plus méprisé que la chair: l'un et l'autre sont parties de la Création. "Heureuse l'âme qu'on éveille du sommeil par des caresses! Ces caresses la rendent joyeuses, elle goûte ce plaisir." [12] La séparation entre l'âme et le corps n'opère pas. Le plaisir "charnel" engage l'être tout entier, se mêle au plaisir esthétique aussi. Or, être captivé par la beauté, c'est répondre à notre vocation:

"Ses deux yeux pareils aux gazelles capturent les lions,
Ils font pleuvoir sur moi une pluie de flèches.
L'arc de ses sourcils et la flèche de ses cils,
Attestent que c'est lui le maître de ma vie.
Si je suis troublé par ses cheveux épars,
C'est que leur parfum est plus grisant que l'ambre et le musc.
Si mon âme se cache dans sa chevelure et s'y mêle,
C'est qu'elle est retenue captive dans les chaînes de ses tresses." [13]

Lorsque Rûmî dit de Attar qu'il a parcouru les sept cités de l'amour, il y a lieu de penser que de même qu'il existe une échelle dans la création, l'Amour offre différents niveaux: "l'amour est la pierre philosophale qui opère des transmutations; il transforme la poussière en un trésor de sens spirituel". [14]

Le lecteur de culture occidentale ne peut qu'être frappé, au premier abord, par le dépouillement égocentrique opéré par l'amour. S'il y a transmutation, celle-ci va dans le sens d'un effacement de l'individualité. L'amour ne s'adresse pas à une personne particulière, il est amour des qualités qui se présentent. Il n'y a pas demande d'être aimé pour soi, comme individu, parce que celui qui aime appartient à l'Amour et renonce à soi en tant qu'être particulier. "Sois enivré d'amour, car l'amour est tout ce qui existe; sans amour, nul n'a le droit d'entrer chez le Bien-aimé. Ils disent: "Qu'est-ce que l'amour?" Réponds: "Le renoncement à la volonté propre". [15]

"Celui-là qui s'est dévoilé le mystère de l'amour,
Celui-là n'est plus, car il s'est effacé dans l'amour." [16]

On retrouve cette négation de l'individualité et cette éternité dans les sculptures d'acier de l'installation pour la biennale de Venise. Ces formes en acier qui se dressent dans la lumière semblent détenir l'éternité. Mais, ce qui est inaltérable, c'est l'Etre ou la génération. Il y a une rupture entre la solidité de l'humanité qui reste debout dans le soleil et les traces fragiles de ces êtres qui se meuvent sur le sol par le jeu des ombres projetées, traces qui s'effacent parce que les individus se succèdent. "Quelles que soient les circonstances, il y a continuité." comme le dit Koraïchi.

Les ombres s'entrecroisent dans un mouvement qui les couchent sur le sol. Par le jeu des ombres, elles s'entrelacent et se confondent. Le soleil est l'amour, il rend possible cette proximité, ces entrecroisements. Mais , par le même mouvement, les ombres des sculptures d'acier se couchent définitivement sur le sol, mais qu'importe puisque l'humanité se dressera toujours au seuil du présent en appelant d'autres ombres projetées par la lumière du soleil. Pourtant, cette éternité de l'éphémère est à la fois objet de crainte et de fascination.

Conclusions

L'alliance entre le poète mystique et l'artiste s'épanouit dans un égal envoûtement pour les arts. Si Rachid Koraïchi intègre d'autres formes artistiques dans ses installations , c'est afin de nous montrer la richesse de leurs rencontres. Même inclination chez Djalâl al-dîn Rûmî pour qui l'esthétique ne saurait être séparée de la métaphysique au sens où l'art est acheminement vers le divin: notre regard n'étant pas assez pur pour se tourner directement vers la lumière divine, la beauté sensible de ce qu'Il éclaire est un intermédiaire nous laissant présager de sa Beauté.

"La vie, c'est l'art" disait simplement Koraïchi dans le livre qui lui est consacré. En effet, la vie n'est jamais belle, seules ses images le sont , une fois transfigurées par le miroir de l'art et de la métaphysique. Cette leçon de Schopenhauer, Koraïchi l'embrasse pleinement; pour que notre vie soit digne d'être vécue ou pour ne pas périr, il nous faut la beauté salvatrice d'une transcendance se penchant sur nous ou la belle illusion vitale qui, par la fascination qu'elle exerce, nous arrache au monde profane. Démiurge talentueux, Rachid Koraïchi crée lui-même cette beauté qui lui est essentielle, afin d'enchanter, l'espace d'un instant, notre sensibilité esthétique.

Nos yeux s'attachent aux signes de son univers, la musique de l'église nous enveloppe de l'atmosphère mystique propre au soufisme. Et l'odorat lui aussi est convié pour cette célébration : l'eau de rose versée dans les vasques d'ablution nous invite à prendre part à une autre forme de raffinement.

Un instant de cette hymne esthétique par lequel nous échappons à la pesanteur de nos existences, est un instant d'éternité.

Honfleur, Mars 2001
Maryline Lostia

Notes

1. 1. Extrait d'un entretien accordé au magazine TASSILI, Alger, Août 98

2. Pour son travail avec les artisans: citons la participation de B. Perkins qui a tissé à Marrakech les pièces de lin indigo, et celle des ateliers de métallurgie Delattre- Levivier, où les statues d'acier et les symboles-signes ont été réalisés. De nombreuses autres pièces pour ce projet et d'autres expositions ont été réalisées dans l'atelier de Slah Zidi à Tunis.

3. Pour toute la symbolique du chiffre 7 dans l'oeuvre de R. Koraïchi, cf. KORAÏCHI Ed. Actes Sud

4. Cité et expliqué par Rûmî, Mathnawî, p 994, 995, Ed du Rocher

5. Rûmî. Le livre du dedans, Ch 5, p 46, 47, Ed. Sindbad, Eva de Vitray Meyerovitch

6. Mathnawî, VI, 3138 , p 1572

7. Mathnawî, Livre I, Vers 3470, p 265, Ed du Rocher, Trad. Eva de Vitray Meyerovitch.

8. Mathnawî, IV, 3265-3268, p 1039

9. Rûmî, Odes Mystiques, p 322, Ed. Klincksieck, Trad. Eva de Vitray Meyerovitch et Mohammad Mokri

10. Confer aussi pour la relation à la musique, les Nuits d'encens, à Carthage en 1993, nuits étoilées des voix de El Azifet, Allagh, Imzad, Fatima Miranda, Sebiba et Tehemet. Pour le projet Salomé au Centre Georges Pompidou en 1990: chant a cappella d'Houria Aïchi pour la danse des sept voiles.

11. Odes Mystiques, Ghazal II, p 322

12. Odes Mystiques, § 565, p 193

13. Odes Mystiques, §362, p 161

14. Odes Mystiques, §822, p 224

15. Odes Mystiques, §455, p 175

16. Odes Mystiques, §828, p 229

© Texte: Maryline Lostia

Une architecture céleste. Publié dans: Authentic / Ex-Centric, Conceptualism in Contemporary African Art. Ed.: Salah M. Hassan et Olu Oguibe. Forum for African Arts, 2001

Nous remercions les éditeurs ainsi que l’auteur pour l’autorisation de publier ce texte dans notre magazine online.

 

Maryline Lostia

Enseigne la philosophie à Casablanca. Auteur de plusieurs essais et textes de catalogue sur Rachid Koraïchi, entre autres : "Le Chemin de Roses, Hommage à Rûmi", Centre Culturel d'Ankara ; le texte du catalogue de l'exposition "Mesguish" pour la Galerie Fine Art à Sidi-bou-Said, Tunisie, 2000 ; "Lettres d'Argíle: Hommage à Ibn Arabi", texte du catalogue sur l’œuvre de Koraïchi, exposition: "Unpacking Europe", Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, 2001. Publication aux Editions Alternatives, Paris: "Rûmî ou le Miroir Infini" (introduction et choix de textes), 2001


Rachid Koraïchi

source

Rachid Koraïchi a grandi au contact de la tradition soufie éprouvant dès l’enfance une fascination pour la danse du trait dans les vieux manuscrits et les talismans. Mais si son oeuvre puise dans le fonds culturel d’une tradition de la calligraphie arabe, Koraïchi "pulvérise les textes, éparpille les mots, pour ne garder que des fragments, des marques, les mots orphelins en une langue nouvelle", note à son sujet le poète Jamel-Eddine Bencheikh.

Chez Rachid Koraïchi "l’écriture est la vie", ajoute pour sa part le critique Pierre Restany. Selon lui, l’artiste, qui recourt à différents supports et techniques dont la soie, le parchemin, l’argile, le granit, l’acier, la gravure et la lithographie, "se sent libre d’utiliser tous les supports qui jalonnent l’entier parcours existentiel de l’islam. Les objectivités s’envolent aisément du parchemin pour venir orner, justifier, nommer, transcender le cuivre, l’ivoire, le bois, la céramique".

Né en 1947 à Aïn Beida, le plasticien a suivi l’enseignement de l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger, puis de Paris, de l’Ecole des Arts décoratifs et enfin de l’Institut d’Urbanisme de l’Académie de Paris.
Représenté dans une quinzaine de musées et collections publiques, Rachid Koraïchi expose régulièrement, depuis 1970, dans différents musées et fondations à travers le monde. Il a également illustré de nombreux ouvrages parmi lesquels Le Testament de l’Ennemi d’Ethel Adnan, L’Hymne Gravé et Une Nation dans l’Exil de Mahmoud Darwich, Salomé de Michel Butor, Hassan Massoudy et Abdelkébir Khatibi et L’Enfant Jazz de Mohammed Dib.
Après avoir longtemps résidé à Sidi Boussaïd en Tunisie, Rachid Koraïchi vit aujourd’hui à Paris.

source


L'oeuvre de Rachid Koraïchi puise toute sa force dans la richesse de la lettre. L'usage du signe, Koraïchi, issu d'une famille soufie très religieuse, le pratique dès son jeune âge. Enfant, il fréquente l'école coranique où il apprend à reproduire les sourates du livre sacré. Il est élevé dans la religion jusqu'à seize ans, âge auquel il décide d'abandonner la pratique. Mais la gestuelle de l'écriture, le tracé des lettres sont sans aucun doute restés gravés dans son esprit.

Lorsqu'il doit faire le choix de ses études, il préfère les arts plastiques à la littérature. Mais celle-ci n'a jamais été bien loin. Elle est demeurée au coeur même de son art. Après avoir reçu une formation à l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger de 1967 à 1971, il s'installe à Paris et suit des cours à l'École des Arts Décoratifs de 1973 à 1975, puis aux Beaux-Arts jusqu'en 1977. De cet enseignement, il a tiré un sens pointu de la technique et un ecclectisme qu'illustre la variété des supports qu'il emploie.

Bien qu'il expose depuis les années 70, c'est surtout avec le nouveau regard porté sur l'art contemporain africain qu'il bénéficie d'une place majeure sur la scène internationale. L'exposition "Rencontres Africaines" à laquelle il participe en 1994 n'est que le début d'une série de manifestations qui marquent ce tournant. Déjà en 1990, le Centre George Pompidou présente "Salomé", fruit d'une collaboration entre le peintre et l'écrivain Michel Butor. La même année, il est de ceux qui rendent hommage à René Char (1907-1988) au Palais des Papes à Avignon.

Mais, passer la rive méditerranéenne n'a jamais signifié rompre avec sa culture. Les lithographies qu'il crée pour l'Enfant-Jazz de Mohammed Dib (recueil de poésie récompensé du Prix Mallarmé en 1998) ou encore sa collaboration avec le poète palestinien Mahmoud Darwish (L'Hymne Gravé, Poème de Beyrouth) en sont la preuve. Cela est d'autant plus vrai que son art est profondemment inspiré par les maîtres soufis.

Koraïchi a cité Ibn Arabi (1165-1240) et al-Attar (1142-1221). Hommages qui, comme le souligne Maryline Lostia, "sont comme le fil d'Ariane menant à un lieu et à un homme" (1). Il s'agit de l'érudit religieux et poète al-Rûmî (1207-1273). C'est à lui que Koraïchi dédie son Chemin de Roses auquel il consacre plusieurs années. Cette installation, présentée à Londres pour la première fois en 2003 (October Gallery), regroupe des sculptures métalliques de signes étrangement anthropomorphes, des broderies de fil doré sur soie bleue (un clin d'oeil au coran sur parchemin bleu du Musée d'Arts Islamiques de Cairouan, Tunisie) et des vasques en céramique remplies d'un fond d'eau parsemé de pétales de roses.

Dans ce travail Koraïchi reprend des textes d'al-Rûmî. Mais il ne s'agit pas d'une simple retranscription. Tout comme il n'est pas question de calligraphie à proprement parler. Comme il le dit dans une interview avec Leticia Cordero Vega, "la calligraphie a ses propres règles et techniques" (2). Koraïchi, lui, n'obéit qu'à son inspiration, faisant, au besoin, appel à des spécialistes. On connait la brodeuse marocaine Fadila Barrada, les potiers de Djerba ou les tapissiers tunisiens, dont un maître formé à Aubusson (3). Il conserve alors une liberté de création qu'il met au profit de l'élaboration de sa graphie.

Si son alphabet trouve ses origines dans un registre qui s'étend du monde arabo-berbère à l'Extrême-Orient, il est avant tout invention de l'artiste. Au point que la lettre peut très bien n'avoir aucune autre signification que celle suggérée par sa forme. Mais dire cela ne fait pas de Koraïchi un artiste abstrait. Si d'un côté il aborde la mystique soufie, cela ne l'éloigne en rien de faits bien concrets. Son travail conjoint avec Darwish en dit long sur ses prises de positions.

Parmi ses derniers projets, "Répliques". Koraïchi propose au plasticien Philippe Mouillon d'adapter l'idée de Berge 2000 (Grenoble) à la scène algeroise. Sur les parois du Tunnel des Facultés sont projetées, en jeux d'ombres et lumières, des travaux d'artistes venus des quatre coins du monde. Pour l'artiste qu'il est, c'est un pari gagné. Rendre l'art accessible à tous, faire de lui un événement quotidien, mobiliser les institutions algériennes, c'est peut-être l'une de ses plus grandes contributions à la scène culturelle de son pays.

(1) Maryline Lostia "Rachid Koraïchi: A Celestial Architecture", S. Hassan et O. Oguibe (ed.), Authentic/Ex-Centric, Conceptualism in Contemporary African Art, New York, Forum for African Arts, 2001, p. 163.

(2) Leticia Cordero Vega, "Meeting with Rachid Koraichi", Third Text, n° 25, Winter 1993-94, p. 62.

(3) M. L. Borras, "Rachid Koraïchi: A Passion for Writing", Atlantica n° 21, Autumn 1998, p. 151.

Profiles in the Contemporary Africa Database have been commissioned, reproduced with permission, or written by visitors to this web site. Opinions expressed by contributors are theirs alone - they do not reflect the opinions of the Africa Centre, London.

26 Nov 2003, by Marie-Christine Eyene - Art critic
source


Rachid KORAICHI en résidence d’artiste 
Résidence d’artiste de Rachid KORAICHI

source

Du 14 au 20 octobre 2005 Centre français de culture et de coopération - Mounira

Le centre français de culture et de coopération, accueille l’artiste de renommée mondiale Rachid KORAICHI, pour une résidence d’artiste durant laquelle, ce peintre et plasticien, spécialiste de la calligraphie arabe travaillera soit sur un support de poterie (avec les potiers du Fayoum), soit sur un support de textile (avec les tentes du ramadan).

Né en Algérie en 1947, dans la région des Aurés, Koraïchi appartient à une famille de tradition soufie. Cet élément est d’importance pour comprendre le lien sacré qu’il entretient avec l’écriture et les signes. Dès son plus jeune âge, son regard d’enfant parcourt, sans encore la lire, l’écriture arabe présente dans la demeure familiale sur des parchemins ornés d’enluminures, dans de vieux livres décorés d’arabesques.

On parle d’écriture passion pour évoquer l’oeuvre de Koraïchi. Cette écriture passion s’entend en plusieurs sens. Elle s’explique par l’intérêt de l’artiste pour les textes de la tradition mystique, textes dont il reprend des bribes dans son oeuvre. Elle s’explique aussi par le travail croisé accompli avec ses amis Mahmoud Darwich, Mohamed Dib, Bencheikh, mais aussi René Char et Michel Butor, montrant ainsi que les cultures s’enrichissent et se nourissent de leur rencontre. "Dans l’espace de l’atelier, on est confronté à notre oeuvre. Mais en réalité, celle-ci est irriguée, elle est ramifiée par la réflexion et le travail des autres. [1] dit-il encore dans un entretien. Son nom le prédestinait à son oeuvre.

Le koraïchite est, en effet, celui qui a le devoir par sa filiation, de transmettre le message coranique en délivrant le sens du message divin à travers une herméneutique. Son travail sur les signes l’attache à cette vocation ancestrale pour interroger les composants du texte eux-mêmes. Par cette quête, il tente de dégager au travers de son oeuvre un des sept sens ésotérique du texte sacré. Son investigation amène Koraïchi à se pencher sur les premières traces d’écriture découvertes dans les célèbres peintures rupestres. Il s’attache aux signes et symboles qui ont traversé plusieurs civilisations, invente d’autres signes possibles. Cette démarche pourrait apparaître comme une curiosité. Pourtant, rapprochée d’une légende arabe, elle prend une autre dimension.


Février 06 à Aubenas-annexe de la mairie 'Hommage à Ibn Arabi" et 'Traces de mémoire" - Rachid Koraïchi

source

Pour en savoir davantage sur Ibn Arabi:

Pour un savoir plus sur Ibn-Arabî et la pensée soufiste : une page de poésie sur le site « Bou-saada » et un article de l'Encyclopédie en ligne Wikipédia.

Quelques mots sur...Rachid Koraïchi

"Artiste de renommée mondiale, Rachid Koraïchi, plasticien, axe son travail sur l’usage du signe, du symbole et sur la richesse de la lettre. Imprégné de culture soufie, son oeuvre toute de sérénité, de puissance et de liberté, se situe entre les profondeurs de la méditation et le dynamisme de la vie [...].

Bien qu’il ait grandi en Algérie dans les plateaux des Aurès, Rachid Koraïchi se situe d’abord comme un artiste sans frontières. La souffrance liée aux déchirements de la guerre, son installation à Paris, où il entre à l’école des Arts décoratifs puis à l’école des Beaux Arts, et où il vit encore aujourd’hui, ne l’empêchent pas de conserver l’Algérie dans son coeur : il y retourne souvent pour réaliser de nombreux projets. Celui qui reste profondément imprégné des leçons des maîtres soufis ne peut avoir de frontières 'ni dans son coeur ni dans sa tête'.

Comme il ne peut être question de nationalité dans son art, il ne peut être également question de calligraphie dans ses recherches : le signe et le symbole restent les chemins qui permettent de décrypter les choses intérieures et profondes, pas forcément logiques mais plutôt du ressort de l’émotion et de la poésie. Plus qu’un travail de peinture, ses installations visent à recréer des atmosphères et des mouvements de mots, de symboles, d’écriture et de signes.

Elles sont des passerelles suggestives, ouvrant avant tout sur le lien, destinées à nourrir notre monde intérieur, pour pouvoir affronter le monde extérieur avec une plus grande paix, sans être en rupture avec les autres. Ne voyant dans la vie que l’Art, le voyageur Rachid Koraïchi a séduit le monde, un univers en quête de rêve et de communion.

Ses oeuvres se trouvent aujourd’hui dans les collections publiques des plus grands musées de la planète."

Rachid Koraïchi se donne la liberté d’utiliser différents supports et différentes techniques, une diversité dont vous pouvez avoir un aperçu en visitant les pages suivantes, présentant quelques unes de ses réalisations :

- 7 Variations indigo (2002) (Musée national d’art africain de Washington )

- Le Chemin de Roses (2001) (Biennale d’art contemporain de Venise)

- La Tapisserie (1998), oeuvre réalisée spécialement pour la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges. Avec une explication des formes et couleurs utilisées par l'artiste (cliquez sur « tapisserie »)

- Le Thé de l'absence (1995) (site de la Bibliothèque Nationale de France, exposition virtuelle « l’art du livre arabe aujourd'hui »)

- Le Jardin parfumé (1984) (dossier « Cultures d’Algérie » réalisé par France 5 à l’occasion de l’année de l’Algérie en France)

Rachid Koraïchi a également illustré de nombreux ouvrages, parmi eux :

L'oracle du prince / Rachid Koraïchi. -  A paraître
L'auteur accompagne le geste de 11 enfants de CP et CE1 grâce à la libre réinterprétation d'un conte égyptien et des contes de leurs origines. ©

Le rêve de la huppe / Anne Rothschild, Rachid Koraïchi. - Al Manar, 2005. - 76 p.-(Méditerranées)
Recueil de poèmes qui font entendre plusieurs voix : la huppe, le narrateur, la sulamite, l'amant et le choeur des filles de Jérusalem. ©

Eclats de mémoire : Beyrouth, fragments d'enfance / Georgia Makhlouf, Rachid Koraïchi. - Al Manar, 2005. - 94 p. -(Méditerranées)
Un roman sur l'enfance, avant la guerre du Liban, avant l'exil. Célèbre la ville de Beyrouth avec une émotion retenue.©

Jennine / Etel Adnan, Rachid Koraïchi. - Al Manar, 2004. - (Combats)
Poème de combat et de détresse écrit par cette romancière d'origine libanaise.©

Couleurs de l'invisible / Sylvie Germain, Rachid Koraïchi. - Al Manar, 2002. - 82 p. -(Méditerranées)
A travers neuf textes poétiques, l'auteur, rejointe par R. Koraïchi, poursuit sa quête métaphysique. La romancière et le peintre suggèrent, l'une par les mots, l'autre par les couleurs, le mystère de l'invisible.©

Pluie sur la Palestine / Salah Stétié, Rachid Koraïchi - Al Manar, 2002. - (Méditerranées)
Thrène (chant de deuil) pour la Palestine.©

Rûmi : le miroir infini / Mawlânâ Djalâl Od-dîn-Rûmi, Rachid Koraïchi, Marine Lostia. - Alternatives, 2001. - 126 p.
Rencontre entre un poète mystique du XIIIe siècle, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs, et un artiste contemporain. Au travers de sept thèmes récurrents dans l'oeuvre du soufiste (la tolérance, la Création, le miroir, la poésie, la danse, la musique, l'amour) vient se refléter, comme un écho, le travail du calligraphe.©
Introduction et textes choisis par Marine Lostia.

le Testament de l’ennemi (Etel Adnan, Rachid Koraïchi, éd. Mensa, Madrid),

l’Hymne gravé (Mahmoud Darwich, Rachid Koraïchi, éd. Mensa, Madrid),

Salomé (Michel Butor, Rachid Koraïchi, éd. Édidart, Genève),

Une nation dans l’exil (Mahmoud Darwich, Hassan Massoudy, Abdelkebir Khattibi, Rachid Koraïchi, éd. Fondation Shoman, Amman),

l’Enfant-jazz (Mohammed Dib, Rachid Koraïchi, éd. Mustapha Orif, Alger, réalisation Franck Bordas, Paris),

Lettres d’argile (Nicole de Pontcharra, Roxane Hodes, Rachid Koraïchi, éd. Corinne Maeght, Nîmes),

la Poésie arabe : petite anthologie (Farouk Mardam-Bey, Abdallah Akkar, Rachid Koraïchi, éd. Mango Jeunesse et Institut du monde arabe, 1999),

 

D'autres ouvrages de Rachid Koraïchi ou auxquels il a contribué:

  • Alep, voyage en soi(e) de Rachid Koraïchi

    Pour les besoins de sa dernière exposition à Alger, remontant "la mémoire de l’indigo et des routes de la soie", Rachid Koraïchi est allé chercher l’inspiration dans la vieille cité d’Alep au nord de la Syrie, à la recherche de "traces de bleu sur cette route de l’Inde d’où venait l’indigo". "Car en Alep, note René Guitton, au fil des siècles, cette teinture avait été l’objet de nombreuses études dont certains secrets furent peu à peu révélés : indigo mêlé d’écorce de grenade avec addition d’eau de dattes ou de suc de raisin broyé ou de figues piétinées. Ces macération étranges conféraient à l’indigo d’Alep une haute réputation dans toute la Méditerranée."
    René Guitton fait également observer que "Marseille, dès le XIIIè siècle, fixe un droit de douane sur l’indigo de Baghdad. Il est importé de Syrie ou de Chypre pour repartir vers l’Espagne, les Baléares et l’Afrique du Nord. Voilà l’or bleu reliant les ethnies et les peuples de la mer de Chine aux profondeurs d’Afrique".
    A cette occasion, Rachid Koraïchi, qui a relu Les Chants de la recluse de Rabi’a, une mystique de l’islam du sud de l’Irak au VIIIè siècle, a conçu cette exposition comme un hommage, habillant ainsi "le souvenir de la sainte femme en guenilles des soies qu’elle n’a jamais revêtues".
    source
    -
  • Tu es mon amour depuis tant d'années / Nancy Huston, Rachid Koraïchi. - Thierry Magnier, 2001. - 208 p.
    Les dessins de Rachid Koraïchi mêlent figures symboliques et signes d'écriture. Ils inspirent les haïkus de Nancy Huston, consacrés à l'amour.Une promenade poétique. ©
    Cote : POE HUST - Voir notre coup coeur...
    -
  • Les sept dormants : sept livres en hommage aux 7 moines de Tibhirine / Hélène Cixous, Sylvie Germain, Nancy Huston et al., Rachid Koraïchi. - Actes Sud, 2004. - 483 p.
    Les écrivains H. Cixous, S. Germain, N. Huston, L. Sabbar, J. Berger, M.Butor et A. Manguel, ainsi que l'artiste R. Koraïchi rendent hommage aux sept moines assassinés au monastère de Tibhirine, en Algérie, par un groupe islamiste. ©
    Cote : POE ANTH
    A lire un entretien dans lequel Koraïchi explique la génèse de ce projet.
    -
  • La poésie algérienne : petit anthologie / Waciny Laredj, Ghani Alani, Rachid Koraïchi. - Mango-Jeunesse, Institut du monde arabe, 2003. - 38 p. - (Il suffit de passer le pont)
    Réunit des poèmes algériens, berbères et touaregs : des textes de poésies classiques du XIIe siècle (Sidi Boumedienne Chu'aïb), des années de guerre (J. Sénac ou A. Gréki), de la poésie du renouveau des années 70  (R.Belamri ou Y. Sebti) et enfin les voix d'aujourd'hui (D. Amrani, M.Alloula). Pour mieux connaître la richesse historique et culturelle de l'Algérie.©
    Section jeunesse - Cote : J POE ANTH ALG
    -
  • La poésie arabe : petite anthologie / Farouk Mardam-Bey, Rachid Koraïchi, Abdallah Akkar. - Mango-Jeunesse, Institut du monde arabe, 1999. - 46 p - (Il suffit de passer le pont)
    Une sélection de 19 poèmes issus de la culture arabe.©
    Section jeunesse - Cote : J POE ANTH ARA

Des ouvrages lui sont consacrés :

Koraïchi : portrait de l'artiste à deux voix. / Nourredine Saadi - Sindbad, Cérès, 1999. - 237 p. Epuisé.
Peintre et plasticien, Rachid Koraichi , né en 1947 en Algérie, dévoile dans un long et intime entretien avec le critique d'art et écrivain Nourredine Saadi, les sensations plus que les événements qui ont façonné l'homme et nourri l'imaginaire de l'artiste.©

Cris écrits : Rachid Koraïchi / Nicole de Pontcharra, Pierre Restany. - Lassa, 1991. – (Expressions d'artistes)
A travers une modernité exaltante et une vision contemporaine, Rachid Koraïchi, peintre algérien, retrouve une mémoire fertile, celle de l'écriture calligraphiée. Le bois, la soie, le parchemin, la céramique sont les supports de cette danse magique du trait.©

Signes et indigo, une oeuvre éphémère de Rachid Koraïchi (Jean-Louis Pradel, éd. Cérès et Actes Sud).

Pour davantage connaître Rachid Koraïchi:

Un article et un entretien, publiés sur le site Arab-art (« la vitrine de l'art arabe ») qui retracent le parcours de l'artiste, évoquant sa démarche et ses sources d'inspiration.


Des expositions:

6 février - 28 février 2006
Aubenas, Exposition "Hommage à Ibn Arabi", "Traces de mémoires"
Dessins originaux : "Anthologie de la poésie arabe et Anthologie de la poésie algérienne"

S'adaptant au lieu et à la Ville, Rachid Koraïchi a mis en scène dans l'ancien séminaire de la ville (aujourd'hui la mairie annexe) une exposition superbe réunissant de grands panneaux de soie de Damas brodée, des céramiques peintes (pièces carrées, olivettes, vasques), les dessins originaux des illustrations réalisées pour deux ouvrages de poésie (voir la bibliographie ci-dessous). Des oeuvres à ne pas manquer et dont notre album photo vous donne un avant-goût...

source

28 avril - 28 mai 2005,
"Rachid Koraïchi : Ancestral Memories", October Gallery, London

22 novembre - 16 décembre 2004,
"Alep, voyage en soi(e) de Rachid Koraïchi", Galerie Esma, Riadh el-Feth, Alger

21 novembre 2003 - 14 mars 2004,
"Voyages d’artistes - Algérie 2003", Espace EDF - Electra, 6, rue Récamier, Paris 7è
source

2002
Path of Roses/Beirut's Poem/A Nation In Exile, The Herbert f. Johnson Museum of Art, Cornell University, Ithaca, New York, États-Unis

2001
Le chemin de roses, Institut Français de Casablanca et de Marrakech, Maroc

2000
L'enfant Jazz, Institut du Monde Arabe, Paris, France

1999
Lettres d'Argile: Hommage à Ibn Arabi, Galerie Isma, Algérie
Jardins Secrets III, Manufacture des 'illets, Ivry sur Seine, France
Ô fleurs, Hommage à al-'Attar, Festival International des Jardins, Chaumont sur Loire, France

1998
Lettres d'Argile: Hommage à Ibn Arabi, Espace Gard, Nîmes, France; Darat al Funun, Amman, Jordanie; Medersa Mustansirya, Baghdad, Iraq; Centre Culturel Français, Damas, Syrie; Ribat de Sousse, Tunisie
Jardin du Paradis, Festival International des Jardins, Chaumont sur Loire, France; Leighton House Museum, Londres, Grande-Bretagne

1997
Méditations, Medersa Ibn Youssef, Marrakech, Morocco
L'Enfant Jazz, Institut du Monde Arabe, Paris, France

Des expositions collectives:

2001
Unpacking Europe, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, Pays-Bas
Authentic/Excentric, 49e Biennale Venise, Italie
The Short Century - Independence and Liberation Movements in Africa 1945 – 1994, Museum Villa Stuck, München; Martin-Gropius-Bau, Berlin, Allemagne; Museum of Contemporary Art, Chicago, USA; P.S.1 Contemporary Art Center and The Museum of Modern Art, New York, États-Unis

1999
Global Conceptualism: Points of Origin,1950s -1980s. Queens Museum of Art, Queens, États-Unis

1998
Mediterranea, Art of the word, Le Botanigue, Brussels, Belgique
Modernities and Memories. Bigli University, Istanbul, Turquie

1997
Modernities and Memories, 47e Biennale Venise, Italie
6e Biennale de La Havane, Cuba
© Universes in Universe - Mondes de l'art, Pat Binder & Dr. Gerhard Haupt
source

Publicité
Commentaires
K
Il y a deux années, une personne s'est adressée à moi pour connaître les coordonnées de Rachid Karaichi, je lui ai transmis ce que je savais à savoir sa maison d'édition et je pense un numéro de téléphone personnel, M. Karaichi n'ayant pas d'adresse mail.<br /> Un accident de disque dur en février 2008 a fait disparaître les seules données que je possédais en ce qui le concerne. Je ne peux rien vous transmettre donc à présent, et ne sais si M. Koraichi possède une adresse mail actuellement et laquelle.<br /> Je suis désolée de ne pouvoir vous être d'aucune utilité en ce moment où j'ai très peu accès au net et ne suis pas chez moi.<br /> Essayez auprès de<br /> Actes Sud<br /> BP 90038<br /> 13633 Arles Cedex<br /> <br /> tel :04 90 49 86 91<br /> fax : 04 90 96 95 25<br /> ou <br /> <br /> adresse générale Actes Sud<br /> 18, rue Séguier<br /> 75006 Paris<br /> <br /> tel : 01 55 42 63 00<br /> fax : 01 55 42 63 01<br /> <br /> ou ici:<br /> http://tinyurl.com/yzw8xct<br /> <br /> en expliquant bien votre requête
S
Bonjour, <br /> Je suis à la recherche de mail KORAICHI. Je serais très reconnaissant.<br /> <br /> À plus tard,<br /> Simoné.
B
j'ai été surpris et heureux de vous avoir connu malheusement part la TV dimanche matin à l'émission religieuse , et entendre n un de conviction et sur tout de paix je ne suis qu'un homme modeste et ancien aubergiste ,duvenu sculpteur sur bois depuis ma retraite, contant de vous avoir ecouté . MERCI
R
tiens regarde celui-là:<br /> http://www.dailymotion.com/related/1876899/video/x1tlte_kateb-yacine_music<br /> <br /> on y voit Kateb Yacine, le père d'Amazigh du groupe gwana-diffusion<br /> la musique et la danse amazighe telle que nous les avons connues<br /> <br /> bon voyage à travers cette musique!
R
des clips amazighen:<br /> http://www.clip-arabe.com/recherche-Amazir.html
Publicité